Les études concernant Guimard (1) font en général l’impasse sur ceux qui furent ses élèves.
C’est à l’occasion d’une exposition consacrée à la Grande Percée de Strasbourg (2) que l’on peut découvrir qu’un des architectes de ce projet fut un collaborateur de Guimard.
Afin d’appréhender le contexte, un rappel historique s’impose.
A la suite de la guerre de 1870, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par l’empire allemand. Strasbourg, qui doit devenir une vitrine du Reich (3), voit sa population doubler sous l’afflux de soldats, mais aussi de fonctionnaires, d’artisans, etc.
Otto Back (4) est nommé à la tête de l’administration municipale et décide de lancer un concours pour l’extension de la ville. A l’issue de celui-ci, la surface de Strasbourg va tripler, articulant avec bonheur la Neustadt (5) à la vieille ville. On comptera jusqu’à 2000 chantiers de construction par an !
Back meurt en 1906, laissant la place à Rudolph Schwander, maire élu, de tendance libérale sociale (6). Soucieux du développement économique de la ville, il décide de relier par le tramway la gare (7), la place Kléber (8) et le nouveau quartier de la Bourse, lui-même relié au port. Or, la vieille ville est un lacis de ruelles plus ou moins étroites, voire tortueuses et bordées d’immeubles vétustes, voire insalubres. Les logements des habitants les plus modestes comportent quelquefois des pièces sans lumière ni aération directes. Le manque d’hygiène fait le lit de la tuberculose, de la diphtérie, du typhus, etc.
Afin d’éviter toute spéculation, Schwander fait acheter en secret des centaines d’immeubles afin de permettre la création d’un boulevard de circulation de 18 mètres de large dans le cœur historique. Mais avant de commettre l’irréparable, il fait inventorier et photographier les bâtiments remarquables devant céder la place. En vue de reloger les locataires chassés par les démolisseurs (9), le maire charge en 1910 Edouard Schimpf (10) de construire une cité-jardin au Stockfeld, à 6 kilomètres au sud du centre historique (11).
Une fois les démolisseurs passés, les architectes, par le biais de concours organisés par la ville, vont pouvoir prendre la relève.
Parmi ces derniers figure un certain Paul Horn (1879-1959).
Après une première formation à Mulhouse, Horn poursuit ses études à Strasbourg, puis à Karlsruhe. Il retourne à Mulhouse pour travailler au service d’architecture de cette ville en 1906 avant de poursuivre son cursus à Munich.
Fin 1907, il se rend à Paris chez Hector Guimard pour y travailler comme en témoigne une lettre de recommandation – à entête « Hector Guimard, Architecte d’Art, Castel Béranger 16 rue Lafontaine » – datée du 10 mars 1908 et rédigée de la main du maître.
Cette lettre (coll. part.) est ainsi rédigée : « Je soussigné certifie que Monsieur Paul Horn a été employé depuis le 1er décembre 1907 jusqu’à ce jour comme dessinateur Architecte et que pendant son séjour à mon bureau il s’est toujours montré sérieux et assidu. »
Horn poursuit ses études à Stuttgart avant de revenir à Mulhouse, où il ouvre un bureau en association avec Schimpf. Ce dernier est aussi un collaborateur de Fritz Beblo, architecte en chef des services de la ville de Strasbourg.
Horn, informé de l’opportunité exceptionnelle qu’offre la Grande Percée, va s’intéresser au tronçon qui s’étend entre la place Saint-Pierre-le-Vieux et la place Kléber, à savoir l’actuelle rue du 22 Novembre (12). Les parcelles sont proposées selon le principe de l’Erbaurecht (un bail proche de l’emphytéose). Dans ce régime, le candidat se voit mettre à disposition un terrain pour une durée de 65 ans, terme au bout duquel ledit terrain redevient propriété de la ville ainsi que la construction qui l’occupe. En outre, le preneur doit verser une rente annuelle de 4,3 % de la valeur du terrain. Enfin, les acquéreurs doivent posséder au moins 25 % de la somme nécessaire à la construction. En effet, soucieuse d’éviter les « dents creuses » dans la rue, la ville va proposer, via la SDG (13), un prêt pouvant atteindre 75 % du montant des travaux.
C’est ainsi que Paul Horn se portera acquéreur en 1913 des parcelles sises aux 13, 15, 21 & 24 de la rue du 22 Novembre, ainsi que le 9, place kléber. Pour se financer, il fait appel à sa famille (14), et contracte auprès de la SDG un prêt pour une durée de 50 ans à un taux de l’ordre de 5 %. L’importance de l’engagement financier implique que les immeubles soient rapidement rentables. C’est ainsi que le rez-de-chaussée de ceux-ci seront dévolus au commerce. Toujours dans un souci de rentabilité, il choisit des parcelles situées à un carrefour, et opte pour le béton armé (15), tant pour les fondations que pour la structure.
Les façades expriment un langage architectural emprunt d’historicisme. Ainsi les travées sont séparées par des pilastres d’ordre colossal, cependant que les éléments sont disposés symétriquement, conformément à une architecture classique. Les travées se décomposent en trois parties : un rez-de-chaussée surmonté d’un entresol qui se détache de la partie supérieure par une architrave et une corniche. Suivent trois étages carrés dont la verticalité est soulignée par des pilastres demi-engagés. Puis succèdent une nouvelle architrave et une corniche, éventuellement accompagnées d’un balcon pour distinguer l’étage attique, cassant ainsi l’impression de verticalité. La commission des façades encadre l’aspect de celles-ci et impose le choix du grès rose (16) comme revêtement. Horn réussira à négocier pour certains immeubles l’emploi de béton à base de calcaire coquillier.
Le 9, place Kléber mérite quelque attention : il est situé au bout de la rue du 22 Novembre (et porte aussi le n°1 de la rue des Francs-Bourgeois). Son emplacement est tout particulièrement privilégié puisque tous les passagers du tram descendant place Kléber passent devant cet immeuble. Horn va donc y aménager un restaurant, un salon de thé, des salles de jeux, et aux étages supérieurs des bureaux et des appartements.
La parcelle voisine, sise au 3, rue des Francs-Bourgeois (17) est acquise par la SDG en vue d’y construire un cinéma : l’Union Theater (18). Horn est chargé de la construction et de son aménagement. Son projet initial prévoit de marquer l’entrée du cinéma par une monumentale marquise d’influence guimardienne (19). Hélas, la commission des façades va recadrer l’enthousiasme de notre architecte qui devra revenir à une façade plus classique. La salle de projection, de style Napoléon III, est classée et restaurée.
Au 15, rue du 22 Novembre, Horn fait édifier un hôtel (20) dont il fera redécorer un salon entre 1926 et 1927 par Sophie Taeuber-Arp dans l’esprit du mouvement néerlandais De Stijl (21).
En 1922, André et Paul Horn obtiennent pour une durée de 90 ans la concession de l’aile droite de l’Aubette (place Kléber). Ils confient à Theo van Doesburg, Hans Arp et son épouse Sophie Taeuber-Arp la conception d’un ambitieux complexe de restauration et de loisirs, à savoir :
– au rez-de-chaussée : un café-brasserie, un restaurant, un salon de thé, un bar, un bar américain, un caveau-dancing ;
– à l’entresol : une salle de billard ;
– au 1er étage : une grande salle de dancing-cabaret, une grande salle de fêtes pouvant servir de cinéma ou de danse.
Cet ensemble, conçu selon les principes du mouvement moderne De Stijl, sera considéré par certains spécialistes comme la « Chapelle Sixtine de l’art moderne ». En 1938, les frères Horn en cèdent la concession. Passée de mode, la décoration est masquée par son successeur, pour être redécouverte dans les années 1970. Cet ensemble sera classé quelques années plus tard, puis restauré entre 1975 et 2006.
(1) Cette remarque reste en général valable pour d’autres architectes de l’Art nouveau, comme Horta, van de Velde, ou Mackintosh, mais moins cependant pour Hoffmann, Wagner, ou Gaudí.
(2) http://archives.strasbourg.fr
(3) Mais aussi une ville de garnison, en raison de son emplacement stratégique.
(4) A lui seul, il cumulera les fonctions de maire et de conseil municipal.
(5) « Ville nouvelle » en allemand, que l’on nomme aujourd’hui quartier allemand.
(6) C’est dans les quartiers les plus populaires qu’il obtiendra le plus de voix. La Neustadt, occupée par la bourgeoisie allemande, est, de fait, boudée par les Alsaciens de souche.
(7) Il s’agit d’une grande gare, nouvellement construite par les Allemands. La précédente, en cul-de-sac, datait de Napoléon III.
(8) La place la plus centrale de Strasbourg.
(9) Rien que le secteur compris entre la rue du Vieux-Marché-aux-Vins et la Grand’Rue verra la démolition de 126 maisons abritant 3460 habitants.
(10) Une exposition lui est consacrée au CAUE jusqu’au 15 avril 2010 (www.caue67.com).
(11) Cette cité-jardin, aujourd’hui classée mais ignorée des guides touristiques, fête ses 100 ans et fait l’objet d’une exposition commune avec celle de la Grande Percée.
(12) Cette voie, première partie du tracé de la Grande Percée, portait initialement le nom de Neue Straße (rue Neuve) avant d’être rebaptisée de la date de la libération de Strasbourg à l’issue de la 1ère guerre.
(13) La Süddeutsche Diskonto Gesellschaft, une banque de Mannheim, les banques alsaciennes étant trop frileuses pour s’engager dans ce projet.
(14) Entre autres ses frères – André, pharmacien, et Camille, commerçant – et sa mère.
(15) Ce matériau offre un coût plus avantageux que les techniques traditionnelles et sa mise en œuvre est beaucoup plus rapide.
(16) Matériau de prédilection des monuments strasbourgeois dont le premier exemple est la cathédrale.
(17) Hochstrasse à l’origine.
(18) Devenu cinéma U.T., puis ABC avant de s’appeler à l’heure actuelle cinéma Odyssée.
(19) Selon les termes de Florence Pétry (cf. bibliographie)
(20) Dénommé Excelsior à l’origine, il porte le nom d’hôtel Hannong à l’heure actuelle.
(21) Titre d’une revue et d’un mouvement artistique fondés en 1917 sous l’impulsion de van Doesburg, Piet Mondriaan, Gerrit Rietveld entre autres. Pour en savoir plus : http://fr.wikipedia.org/wiki/De_Stijl ou http://en.wikipedia.org/wiki/De_stijl ou http://nl.wikipedia.org/wiki/De_Stijl
Bibliographie
F. Pétry, La « Grande Percée » des rues à Strasbourg : la construction des frères Horn. Mémoire de maîtrise, Strasbourg, 2000.
F. Pétry, Paul Horn (1879-1959), Chantiers historiques d’Alsace, 2001, n°4, pp. 245-264.
http://nl.wikipedia.org/wiki/Paul_Horn_(architect)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aubette_(Strasbourg)
http://fr.wikisource.org/wiki/Notices_sur_l’Aubette_à_Strasbourg (article de van Doesburg)
http://www.musees-strasbourg.org/index.php?page=histoire-aubette
Cette liste exhaustive inclut également les sépultures / moments commémoratifs, dont la liste réduite est consultable sur la page Sépultures.
– 1888 : Restaurant Café-Concert « Au Grand Neptune »
148 quai d’Auteuil (auj. quai Louis Blériot), Paris XVIe.
Détruit vers 1910.
– 1889 : Pavillon de l’Electricité
Exposition Universelle, Paris.
Détruit.
– 1889 : Maison de rapport Lécolle
122 avenue des Batignolles (auj. avenue Gabriel Péri), Saint-Ouen, Seine-Saint-Denis.
– 1891 : Hôtel Roszé
34 rue Boileau, Paris XVIe.
– 1891 : Pavillons Hannequin
145 avenue de Versailles, Paris XVIe.
Détruits en 1926.
– 1892 : Maisons jumelles Lécolle
Villa Toucy, 183 et 185 rue du Vieux Pont de Sèvres, Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine.
Détruites en 1943.
– 1892 : Pavillon de chasse Rose
14 et 14ter rue des Tilleuls, Limeil-Brévannes, Seine-et-Oise.
Détruit vers 1960.
– 1892 : Sépulture Victor Rose
Cimetière des Batignolles, Paris XVIIe.
– 1893 : Hôtel Jassedé
41 rue du Point du Jour (auj. rue Chardon-Lagache), Paris XVIe.
Inscription par arrêté du 28 avril 1980 des façades et toitures du bâtiment principal et du bâtiment annexe ainsi que le portail d’entrée et le mur de clôture.
– 1893 : Villa Jassedé
63 route de Clamart (auj. avenue du Général-de-Gaulle), Issy-les-Moulineaux, Hauts-de-Seine.
– 1894 : Chapelle funéraire Devos-Logie et Mirand-Devos
Cimetière des Gonards, Versailles, Yvelines.
– 1894 : Hôtel Delfau
1ter rue Molitor, Paris XVIe.
Modifié vers 1907.
– 1894-1895 : Atelier Carpeaux
39 boulevard Exelmans, Paris XVIe.
– 1895 : École du Sacré-Cœur
9 avenue de la Frillière, Paris XVIe.
Plusieurs modifications entre 1939 et 1978.
Inscription Monument Historique par arrêté du 29 décembre 1983, de la façade principale sur rue, de la toiture, du plafond de l’ancien préau ainsi que la rampe en fer et fonte de l’ancien escalier intérieur.
– 1895 : Sépulture Rouchdy Bey Pacha
Cimetière des Gonards, Versailles, Yvelines.
– 1895 : Sépulture Obry-Jassedé
Cimetière d’Issy-les-Moulineaux, Hauts-de-Seine.
– 1895 : Sépulture Giron, Mirel et Gaillard
Cimetière du Montparnasse, Paris XIVe.
– 1895-1898 : Le Castel Béranger
16 rue La Fontaine, Paris XVIe.
Classé Monument Historique par décret du 31 juillet 1992.
– 1896 : Villa Berthe
72 route de Montesson, Le Vésinet, Yvelines.
Inscription Monument Historique par arrêté du 11 décembre 1979 des façades et toitures, de l’escalier intérieur avec sa rampe en bois, des plafo
nds décorés de deux des pièces du premier étage, des ferronneries du perron et de la clôture.
– 1896 : Armurerie Coutolleau
6 boulevard de Saumur (auj. boulevard du Maréchal Foch), Angers, Maine-et-Loire.
Détruite vers 1929.
– 1896 : Théâtre de la Bodinière et Salon de thé Melrose
18 rue Saint-Lazare, Paris, VIIIe.
Détruits vers 1910.
– 1897 : Villa Lantillon
72 route de Vaujours, Sevran, Seine-Saint-Denis.
Détruite.
– 1897 : Porche d’une habitation
Exposition de la Céramique et des Arts du Feu, Paris.
Détruit.
– 1897-1898 : Sépulture Nelly Chaumier
Cimetière de Bléré, Indre-et-Loire.
– 1897-1898 : Propriété Roy (décoration intérieure)
Les Gévrils, Dammarie-sur-Loing, Loiret.
Démontée.
– 1898 : Hôtel Roy
81 boulevard Suchet, Paris XVIe.
Détruit vers 1960.
– 1898-1901 : Salle de concert Humbert de Romans
60 rue Saint-Didier, Paris XVIe.
Détruite entre 1904 et 1905.
– 1898 : Villas Roucher
9 et 9bis impasse Racine, Hameau Boileau, Paris XVIe.
Transformées.
– 1898 : Maison Coilliot
14 rue de Fleurus, Lille, Nord.
Classement Monument Historique par arrêté du 16 mars 1977 de la maison et du décor intérieur.
– 1899 : Villa Canivet
18 avenue du parc de Beauveau-Craon (auj. avenue Alphonse-de-Neuville), Garches, Hauts-de-Seine.
Défigurée vers 1935 et en 2008.
– 1899 : Villa « La Bluette »
272 rue Pré-de-l’Isle, Hermanville-sur-mer, Calvados.
Classement Monument Historique par arrête du 15 décembre 2005 de la totalité de la maison, des clôtures et portails et du sol de la parcelle. Inscription par arrêté du 15 décembre 2005 de la totalité de la remise-garage.
– 1899-1903 : Castel Henriette
46 rue des Binelles, Sèvres, Hauts-de-Seine.
Agrandissement par Guimard vers 1903. Détruit en mars 1969.
– 1899 : Sépulture Ernest Caillat
Cimetière du Père-Lachaise, Paris XXe.
– 1899-1900 : Maison « La Sapinière »
561 rue Pré-en-l’Isle, Hermanville-sur-mer, Calvados.
– 1900-1903 : Edicules et gares du Métropolitain de Paris
Inscription Monument Historique par arrêté du 29 mai 1978.
– 1900-1901 : Pavillon et magasin Déjardin
10-12 impasse Boileau, Paris XVIe.
Détruits vers 1925.
– 1901 : Le Castel Eclipse
1-3 rue de l’Assemblée Nationale. Versailles, Yvelines.
Détruit.
– 1902 : Entrepôts des Etablissements Nozal
132 avenue de Paris (auj. avenue du Président-Wilson), La Plaine Saint-Denis, Seine-Saint-Denis.
Détruits vers 1965.
– 1902-1903 : Le Castel Val
4 rue des Meulières, Chaponval, Auvers-sur-Oise, Val d’Oise.
Inscription aux Monuments Historiques par arrêté du 13 décembre 2006 de la villa, du jardin correspondant avec tous les éléments bâtis qu’il contient et la totalité du mur longeant la rue.
– 1902-1906 : Hôtel Nozal
52 rue du Ranelagh, Paris XVIe.
Détruit en 1957.
– 1903 : Atelier Nozal
12 avenue Perrichont-prolongée, Paris XVIe.
Détruit vers 1960.
– 1903 : Monument commémoratif Paul Nozal
Le Tatre, Charente.
– 1903 : Pavillon « Le Style Guimard »
Exposition de l’Habitation, Grand Palais, Paris VIIIe.
Détruit.
– 1903-1905 : Immeuble Jassedé
142 avenue de Versailles, Paris XVIe.
Inscription par arrêté du 11 juillet 1984, des façades et toitures ainsi que les deux cages d’escalier et les entrées de l’immeuble.
– 1903-1907 : Villa « La Surprise »
13 avenue des Dunes (auj. avenue du Maréchal Foch), Cabourg, Calvados.
Détruite en 1944.
– 1904 : Le Castel d’Orgeval
2 avenue de la Mare-Tambour, Villemoisson-sur-Orge, Essonne.
Inscription Monument Historique des façades et de la toiture par arrêté du 15 janvier 1975.
– 1905-1907 : Hôtel Deron-Levent
8 villa la Réunion, Paris XVIe.
– 1906 : Villa « Rose d’Avril »
avenue de la Pépinière, Morsang-sur-Orge, Essonne.
Détruite.
– 1906 : Villa « Clair de Lune »
18 avenue du Muguet, Morsang-sur-Orge, Essonne.
Transformée.
– 1907 : Magasin Huin
Montrouge, Hauts-de-Seine.
Détruit (?).
– 1909 : Le Chalet Blanc
2 rue du Lycée, Sceaux, Hauts-de-Seine.
Inscription par arrêté du 15 janvier 1975 des façades et toitures.
– 1909-1910 : Villa
16 rue Jean-Doyen, Eaubonne, Val d’Oise.
– 1909-1912 : Hôtel Guimard
122 avenue Mozart, Paris XVIe.
Inscription Monument Historique par arrêté du 4 décembre 1964 de l’hôtel.
Classement par arrêté du 17 juillet 1997 des façades et toitures et du vestibule d’entrée, y compris son escalier avec la rampe.
– 1909-1910 : Immeuble Trémois
11 rue François-Millet, Paris XVIe.
– 1909-1911 : Groupe d’immeubles
17-19-21 rue La Fontaine, 43 rue Gros, 8-10 rue Agar, Paris XVIe.
Inscription Monument Historique par arrêté du 15 janvier 1975 des façades et des toitures des six immeubles.
Inscription par arrêté du 16 juin 2006 des décors intérieurs du « Café Antoine » : plafond fixé sous verre, peintures et faïences murales, moulures, miroirs, et carrelages du sol.
– 1910-1911 : Hôtel Mezzara
60 rue La Fontaine, Paris XVIe.
Inscription Monument Historique par arrêté du 15 septembre 1994.
– 1912 : Sépulture Deron-Levent
Cimetière d’Auteuil, Paris XVIe.
– 1913 : Villa Hemsy
3 rue de Crillon, Saint-Cloud, Hauts-de-Seine.
Transformée.
– 1913 : Synagogue
10 rue Pavée, Paris IVe.
Inscription Monument Historique par arrêté du 4 juillet 1989, de la totalité de la synagogue
– 1914 : Hôtel Nicolle-de-Montjoye
7 rue Pierre-Ducreux (auj. rue René Bazin), Paris XVIe.
Détruit.
– 1914-1919 : Immeuble de bureaux
10 rue de Bretagne, Paris IIIe.
– 1920 : Surélévation de l’Hôtel Barthélémy
53 rue du Ranelagh, Paris XVIe.
Détruit.
– 1922 : Garage Bastien
34 rue Robert-Turquan, Paris XVIe.
Détruit.
– 1921 : Monument commémoratif
Montiers-sur-Saulx, Meuse.
Détruit en 1974.
– 1921-1922 : Hôtel particulier
3 square Jasmin, Paris XVIe.
– 1920 : Monument commémoratif
Lycée Michelet, Vanves, Hauts-de-Seine.
– 1922 : Sépulture Grunwaldt
Cimetière de Neuilly-sur-Seine, Hauts-de-Seine.
– 1922 : Sépulture Albert Adès
Cimetière du Montparnasse, Paris XIVe.
– 1925 : Mairie du village français
Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes, Paris.
Détruite.
– 1925 : Tombe au Cimetière du village français
Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes, Paris.
Détruite.
– 1926 : Immeuble Guimard
18 rue Henri-Heine, Paris XVIe.
– 1926-1927 : Immeuble Houyvet
2 villa Flore, Paris XVIe.
– 1927-1928 : Immeubles de rapport
36-38 rue Greuze, Paris XVIe.
– 1930 : Villa « La Guimardière »
Rue Le Nôtre, Vaucresson, Hauts-de-Seine.
Détruite.
Deux poignées de porte en laiton (H. 12 ; L. 5,8 cm) sont acquises par donation par le Musée d’Orsay.
Il s’agit d’un modèle créé vers 1909-1910, d’un graphisme simplifié contrairement aux créations contemporaines au Castel Béranger.
Durant l’été 2007, le Cercle Guimard a été averti par un correspondant de la présence d’une tombe signée Hector Guimard à Bléré dans l’Indre-et-Loire, non loin d’Amboise et Chenonceau. Datant de 1897 et contemporaine du Castel Béranger, la sépulture de Nelly Chaumier nous apparaît dans l’œuvre funéraire de l’architecte comme la première tombe bénéficiant véritablement d’un traitement graphique Art nouveau.
Plus classique dans sa conception que la tombe Obry-Jassedé ou la tombe Caillat– dans la combinaison de la pierre tombale et de la stèle notamment–, sa plastique est cependant bien représentative des recherches formelles que Guimard mène alors pour le Castel Béranger, dans l’élaboration d’un alphabet proprement Art nouveau par exemple, et surtout dans le jeu des plissements organiques où semble s’esquisser une croix.
Cette tombe, recherchée depuis longtemps par les passionnés de l’architecte, n’était jusqu’alors connue que par six dessins appartenant au fonds Guimard du Musée d’Orsay– parler de cinq études serait d’ailleurs plus juste tant la silhouette de la tombe dessinée est différente de la réalisation ; par contre le dessin pour la calligraphie de l’épithaphe « ICI REPOSE NELLY CHAUMIER 1839-1897 » est, quant à lui, identique à l’inscription existante.
La dernière livraison – numéro 22 – de la revue du Musée d’Orsay, 48/14, nous informe de l’entrée en 2005, dans les collections d’objets d’art du Musée, de cinq pièces de notre architecte préféré.
Monsieur Thiébaut nous présente quatre objets entrés par donation :
– une tirette de tringle de porte intérieure à deux battants, en laiton, créée pour les appartements du Castel Béranger ;
– une poignée de rideau de cheminée, en fonte bronzée, créée pour les appartements du Castel Béranger ;
– une sonnette de porte palière, en laiton, proche de celles utilisées dans le groupe d’immeubles des rues La Fontaine, Gros et Agar ;
– une plaque de numéro de maison avec le nombre 15, en fonte de fer.
Ce dernier objet semble provenir de l’immeuble de style Art nouveau situé 15 avenue Perrichont (Paris XVIe), construit en 1907 par l’architecte Joachim Richard (1869-1960). Cet immeuble, ironie de l’histoire, était situé en face des Ateliers Guimard situés au numéro 12, construits en 1903 et démolis en 1961.
Le cinquième objet est un intérieur de cheminée en fonte de fer, acquis par achat en 2005 et provenant d’un appartement de l’immeuble, 17 rue La Fontaine, construit par Guimard en 1909-1911.
Nous profitons de l’occasion pour vous informer de trois autres acquisitions par donation en 2005. Le Musée d’Orsay voit ainsi ses collections Guimard augmentées d’un panneau en plâtre patiné (H. 25,3 ; L. 79,8 cm) qui est un modèle pour une plaque de cheminée pour les fonderies de Saint-Dizier. Les modèles pour les fontes de Guimard que nous connaissons sont soit en plâtre, soit en bois.
Les autres objets sont deux consoles en plâtre. Leur état très accidenté nous amène à penser qu’elles proviennent certainement d’un appartement situé dans l’immeuble du 17 rue La Fontaine ayant subi un changement de décor récemment.
Sous la plume de monsieur Philippe Thiébaut, le numéro 18 de la revue du Musée d’Orsay, 48/14, nous informe de l’entrée dans les collections d’Objets d’Art Décoratif de deux éléments Guimard :
– Un bouton de crémone en porcelaine flammée et cuivre. Ce bouton, de dimensions modestes (H. 8,5 ; L. 3,7 ; P. 5,2 cm) nous semble totalement inédit et nous n’avons pas à notre connaissance d’exemple d’utilisation.
– Un bouton de porte en porcelaine bleue et cuivre (H. 4,1 ; L. 7,3 ; P. 7,3 cm) semblable au modèle créé pour le Castel Béranger et utilisé par l’architecte dans ses nombreuses constructions.
Cette série d’articles consacrée à l’entreprise du céramiste Émile Muller à Ivry et à ses rapports avec le mouvement Art nouveau se conclut par une étude centrée sur sa production de cheminées de style moderne. Nous nous offrons ainsi une escapade en dehors des créations de Guimard puisqu’à notre connaissance celui-ci n’a pas sollicité Muller pour créer et encore moins éditer des objets du décor fixe. Mais nous saisissons l’occasion de cet article pour y révéler l’existence de fausses cheminées d’un modèle bien connu de Muller et dont l’une se trouve au Metropolitan Museum de New York.
Depuis toujours, la cheminée — le foyer — symbolise à la foi le lieu de la vie domestique et la cellule familiale qui se réunit autour d’elle quand elle apporte un peu de confort pendant les mois froids de l’année. Au XIXe siècle, alors que la salle à manger devient la pièce de réception bourgeoise par excellence, sa cheminée est un élément essentiel du décor, même si son rôle fonctionnel diminue à mesure de la progression des innovations que sont le poêle puis la salamandre qui s’adapte devant son foyer et surtout le chauffage central par radiateurs ou par conduits d’air chaud. La cheminée est alors réduite à un rôle de chauffage d’appoint ou de demi-saison. Cependant, ni les propriétaires, ni les décorateurs, ne sont prêts à abdiquer quant à sa présence dans la maison et à son rôle dans la représentation sociale[1].
Les cheminées de style Art nouveau
L’Art nouveau sera le style dans lequel l’aspect formel de la cheminée va littéralement exploser. De 1895 à 1900, les modèles modernes sont peu nombreux et surtout peu visibles car destinés à des intérieurs privés, sans commercialisation en série, à l’exception de quelques rares modèles présentés dans les revues spécialisées ou des salons officiels.
Dans les sections françaises de l’Exposition universelle de 1900, on peut tout d’abord croiser des cheminées dont la structure est encore clairement néogothique ou néo-Renaissance mais dont le décor est simplement modernisé comme celles de William Haensler, de Georges Turck ou du stand des Écoles professionnelles de la Ville de Paris. D’autres cheminées sont clairement de style Art nouveau comme celles des salles à manger de la maison Épeaux et de la maison Dumas, toutes deux du faubourg Saint-Antoine, qui réinterprètent avec surabondance le style naturaliste des nancéiens.
La cheminée présentée par Louis Bigaux est plus personnelle, tout comme celle d’Henri Bellery-Desfontaine qui fait la part belle à la peinture sur sa grande hotte.
Mais de véritables innovations stylistiques sont aussi présentes à cette exposition, au sein de la classe 66 (décoration fixe des édifices publics et des habitations) avec la cheminée en bois du stand de Pierre Selmersheim et celle de Guimard en fonte bronzée et lave émaillée où structure et décor fusionnent en des formes organiques.
Fèvres magazine est une belle revue destinée aux professionnels et publiée par l’IFRAM (l’Institut de Recherche et de Formation pour les Artisanats des Métaux, labellisé Pôle National d’Innovation pour l’Artisanat des Métaux depuis 2003). Son rédacteur en chef nous a contacté il y a quelques mois pour nous demander de rédiger un article sur Guimard et le fer, ce que nous avons accepté d’emblée.
L’article s’insère dans un dossier spécial L’Art nouveau et la ferronnerie qui fait la couverture du numéro 50. Il est en l’excellente compagnie d’autres articles de Patrick Centenero, ferronnier d’art français, du catalan Luis Gueilburt (La part du fer dans l’œuvre d’Antoni Gaudí), de notre amie Françoise Aubry, conservatrice du musée Horta (Victor Horta « Ne prendre pour guide que la raison »), de Jacques G. Peiffer, bien connu pour ses travaux sur la céramique (Le fer au cœur de l’École de Nancy), du ferronnier bruxellois Steve Sergysels (Art nouveau : la ligne belge) et du ferronnier et rampiste français Stephan Poirier.
Notre propre article (Hector Guimard et le fer : inventivité et économie) est illustré de belles photos provenant de notre groupe. Nous avons décidé de nous passer des adjectifs superlatifs que l’on emploie parfois sans mesure pour tenter de cerner au plus près la pratique de Guimard vis-à-vis de la ferronnerie. On discerne déjà sur l’Hôtel Louis Jassedé les prémices d’une utilisation très particulière des fers industriels qui éclot au Castel Béranger pour atteindre peu après une maturité qui fait de la ferronnerie de Guimard une exception, voire une incongruité dans la pratique des architectes français.
Grâce à l’amabilité de Fèvres, le pdf de notre article est à la disposition de nos visiteurs. Cependant, l’achat de la revue papier dans son entier devrait encore leur réserver de belles surprises…
Hector Guimard et le fer : inventivité et économie
Frédéric Descouturelle