Prise de contact du Cercle Guimard avec l’équipe du projet de restauration et du projet muséal
Tous les amateurs du mouvement moderniste catalan connaissent la Casa Vicens à Barcelone (carrer de les Carolines), première œuvre significative de l’architecte Antonì Gaudì. Elle a été construite de 1883 à 1885 pour Manuel Vicens Montaner, un agent de bourse — et non un industriel en céramique comme on le pensait auparavant —, qui désirait disposer d’une petite maison d’été avec un jardin. Édifiée dans le village de Gràcia, sur les hauteurs de Barcelone, elle a depuis été rattrapée par l’urbanisation rapide de l’agglomération.
Vues anciennes de l’état d’origine de la maison. La rue se trouve à droite des images. © Arxiu Fotogràfic Centre Excursionista de Catalunya.
L’étroitesse de la rue ne permet que difficilement d’apprécier l’architecture de la maison, mais sa singularité est immédiatement perçue grâce à la vive coloration des briques et à l’emploi de carrelages muraux contrastant avec la pierre ocre en opus incertum. Pour cette première œuvre réalisée en solo, Gaudì a adopté le style néo-mudéjar (néo-mauresque) sans s’y enfermer de façon historicisante, mais au contraire en s’en servant pour développer de nombreuses idées nouvelles. En plus de la maison, on lui doit la construction dans le jardin d’une grande arche dont les réservoirs alimentent une chute d’eau en rideau. La présence sur place d’un palmier va lui inspirer le motif de grille en fonte qui orne le portail.
Grille de clôture de la Casa Vicens, coté extérieur. Motifs de palmier en fonte sur armature métallique. État avant les restaurations. © Casavicens.org.
Une partie de la grille de clôture de la Casa Vicens, coté intérieur, déplacée au Park Güell. Coll. part.
Utilisés à l’extérieur et à l’intérieur, les carreaux de céramique murale sont décorés d’un motif d’œillet, et sont régulièrement tournés d’un quart de tour.
Terrasse de la Casa Vicens. Carreaux en céramique en damier et au motif d’œillet, après restauration. Coll. part.
À l’intérieur, une profusion de motifs de végétaux et d’oiseaux ornent l’étage noble et les chambres du premier étage. Si, près de dix ans avant l’invention « officielle » de l’Art nouveau à Bruxelles, il n’y a pas encore de fusion entre structure et décor, plusieurs composantes de ce style, naturalisme, orientalisme et extrême-orientalisme sont déjà présentes.
Une chambre du premier étage. Décor du plafond en papier mâché. Décor de la frise en sgraffite au motif de fougères et de roseaux, partie inférieure des murs en stuc, sol en mosaïque et granito. État avant les restaurations. © Casavicens.org.
Les références religieuses très nombreuses dans l’œuvre ultérieure de Gaudì ne s’affichent pas d’emblée sur la Casa Vicens mais peut-être de façon plus discrète par le motif de la passiflore qui orne l’une des chambres ou la coquille Saint-Jacques au plafond de la salle à manger de l’étage noble.
La salle à manger à l’étage noble. Au plafond, coquilles Saint-Jacques et rameaux d’olivier. État avant les restaurations. © Casavicens.org.
Rameaux d’olivier en papier mâché entre les solives du plafond de la salle à manger. État après les restaurations. Coll. part.
Manuel Vicens, sur lequel peu de renseignements sont encore disponibles, ne conserve la maison que jusqu’en 1899. Son nouveau propriétaire, Antoni Jover Puig, sollicite Gaudì pour agrandir la maison en 1925. Mais, absorbé par le chantier de la Sagrada Familia auquel il dévouera la dernière partie de sa vie, Gaudì décline cette demande. C’est son ami l’architecte Joan Baptista Serra de Martínez qui se chargera des travaux en doublant la maison sur sa façade droite et en lui conservant ainsi une réelle unité stylistique.
Vue de la Casa Vicens depuis la rue. La partie gauche est celle construite par Gaudì en 1883-1885. La partie droite est l’extension réalisée par Serra de Martinez en 1925. État avant les restaurations. © Casavicens.org.
Perdant son statut de résidence mono familiale la maison est alors divisée en trois appartements. Serra de Martinez réalisera d’autres travaux comme la construction d’une chapelle privée dans le jardin et la clôture du terrain par une longue grille reprenant de façon presque démesurée le motif au palmier du portail originel.
Ce cliché pris en 1932 montre la propriété au maximum de son développement avec la maison dédoublée au fond, l’arche de la chute d’eau dans le jardin, la chapelle en rotonde (bientôt convertie en établissement thermal) et la grille au motif de feuille de palmier, étendue tout au long de la rue. © Institut Amatller d’Art Hispànic.
Au cours des décennies suivantes plusieurs altérations comme le lotissement d’une grande partie du jardin, entraînant la perte de la chute d’eau et de l’ancienne chapelle, ont modifié sa perception.
Restée en mains privées pendant 130 ans, classée monument historique dès 1969, la Casa Vicens offrait parfois aux touristes la possibilité d’entrer dans la propriété pour admirer les extérieurs, mais très peu d’amateurs avaient eu le privilège de pénétrer dans la maison. En 1990, quelques restaurations des intérieurs ont été menées, sans pouvoir toujours retrouver les états d’origine. Classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco en 2005, la maison a finalement été acquise par le groupe bancaire Morabanc en 2014 qui a décidé de lui redonner son éclat originel et de mener conjointement un projet muséal. Les travaux en cours devraient se terminer cet automne avec une ouverture prévue à l’automne 2017.
Le projet prôné par le groupe Morabanc est celui d’un « mécénat durable » qui prévoit un équilibre financier à terme, sans l’urgence et l’intensité commerciale que l’on ressent à la visite de la Casa Batlló ou — dans une moindre mesure — de la Sagrada Familia. C’est dans le vaste sous-sol que sera logé l’activité de librairie alors qu’un espace de restauration sera aménagé en mitoyen au niveau du jardin. Le flux des visiteurs sera régulé par un système de pré-achat des tickets d’entrée sur rendez-vous.
La partie historique de la maison fait donc l’objet de restaurations très soigneuses, conseillées par un groupe multidisciplinaire de spécialistes de Gaudí, composé d’historiens, de restaurateurs et de maîtres-artisans et validées par les instances de conservation du patrimoine. Elles visent à s’approcher le plus possible de l’état d’origine et concernent aussi bien l’extérieur où les carreaux de céramique ont été changés à l’identique, que les décors intérieurs où des analyses stratigraphiques ont permis de retrouver les colorations intenses voulues par Gaudì.
Le fumoir. État avant restauration : les alvéoles du plafond en papier mâché avaient été repeintes en doré. © Casavicens.org.
En revanche, le fait que la partie droite de la maison ne doit rien à Gaudì et n’a jamais possédé d’aménagements remarquables offrait la possibilité de la modifier intérieurement pour accueillir un espace muséal dédié à l’histoire de la maison mais aussi à un concept très intéressant dans ce cas particulier : la première réalisation significative d’architectes contemporains. Pour Hector Guimard, c’est l’hôtel Jassedé (1893) qui a été sélectionné.
Le choix de cette construction de Guimard est tout à fait judicieux dans la mesure où il s’agit d’un chantier assez similaire à celui de la Casa Vicens : une maison mono familiale située en périphérie d’une grande agglomération, mitoyenne sur un côté, dotée d’une façade sur rue et pourvue d’un jardin. D’autres similitudes se remarquent d’emblée : la présence des céramiques murales qui renforcent la polychromie des façades et une ferronnerie inventive obtenue par transformation de produits industriels. Même le simple grillage est utilisé par les deux architectes alors qu’il est habituellement méprisé par leurs contemporains.
Garde-corps en fonte au niveau des chéneaux de l’immeuble Louis Jassedé, 120 avenue de Versailles. Hector Guimard, 1903. Coll. part.
Balustrade garnie de grillage de l’escalier de l’immeuble Louis Jassedé, 120 avenue de Versailles. Hector Guimard, 1903. Coll. part.
Garde-corps en grillage dans le patio de la Casa Batlló. Antonì Gaudì, 1904-1906. Coll. part.
Dans les cas de la Casa Vicens et de l’hôtel Jassedé, l’appartenance du client à la moyenne bourgeoisie oblige les architectes à recourir à des matériaux économiques de substitution comme le staff, le sgraffite ou la céramique, préférés à des matériaux plus coûteux comme le marbre ou la pierre. Pour la Casa Vicens, Gaudì a placé des décors en papier mâché peints aux plafonds de l’étage noble. Pour ce faire il a fourni des modèles personnels au fabricant Hermenegild Miralles — en 1901, Gaudì construira le portail de la propriété Miralles dans la banlieue de Barcelone, non loin des écuries Güell, toujours visible aujourd’hui —, qui développait alors ce nouveau matériau décoratif à Barcelone. Cette démarche préfigure celle de Guimard, toujours à la recherche de matériaux économiques, anciens comme la fonte ou nouveaux comme le fibrocortchoïna, la pierre de verre Garchey ou le lincrusta Walton, tous aptes à recevoir l’empreinte du « Style Guimard » et dont les produits pourront être ensuite commercialisés. Enfin, ces deux maisons témoignent chacune, à dix ans de distance, de l’impatience de deux architectes utilisant encore un vocabulaire architectural historique — pour l’un le style néo-mudéjar, pour l’autre le style néo-gothique — tout en le dépassant, alors que leur style personnel est sur le point d’éclore.
Le Cercle Guimard a été sollicité il y a plusieurs mois pour fournir des documents anciens ainsi que des photographies actuelles afin de réaliser une maquette de l’hôtel Jassedé qui sera exposée dans l’espace muséal. Nous avons très volontiers répondu à cette demande et noué une relation cordiale avec l’équipe s’occupant du projet barcelonais. Les congés d’été ont été l’occasion d’une visite sur place où nous avons été très aimablement et longuement reçus par Mercedes Mora et Joan Abellà qui nous ont détaillé leur projet et se sont informés sur nos activités parisiennes.
F. D.
Comme chaque été, les propriétaires de la villa de Guimard La Hublotière, au Vésinet ont la très grande générosité de faire profiter les amateurs de Guimard des extérieurs de leur villa au Vésinet, du 3 juillet au 19 août 2017 inclus (fermeture exceptionnelle les 14 et 15 juillet).
Connue également sous le nom de Villa Berthe, elle se situe 72 route de Montesson.
Le jardin est ouvert du lundi au samedi, de 12h à 18h et les visites guidées se font sans rendez-vous, à 12h30, 14h, 15h30 et 17h.
Une conférencière décrit l’histoire, l’architecture et le décor de la demeure. La visite est gratuite mais on aura soin de lui laisser une petite gratification méritée !
La Hublotière
72 route de Montesson – 78110 Le Vésinet
Aujourd’hui, samedi 20 mai nous célébrons les 75 ans de la mort d’Hector Guimard.
Mais, comme nous l’annoncions récemment nous célébrons surtout cette année le 150e anniversaire de sa naissance.
Le Cercle Guimard et la Mairie du 16ème arrondissement de Paris s’associent pour cette occasion, avec une exposition du 30 juin au 27 juillet, mais également avec des visites guidées durant le festival « Le Printemps dans le 16e ».
Notre association propose en effet trois visites, réalisées par notre conférencière Agathe Bigand-Marion, sur réservation uniquement au 07 69 89 87 69 :
Télécharger tout le programme_du_Printemps_dans_le_16e (pdf)
La collection « pour les nuls » a certes des côtés urticants, mais il faut reconnaître qu’elle sait attirer les « bons » auteurs. Ces nouveaux Que sais-je ?, beaucoup moins académiques et plus ludiques que leurs ancêtres, couvrent un champ de connaissances toujours plus vaste et si l’on accepte l’absence d’illustrations et l’utilisation des recettes d’« éditing » chères à l’édition contemporaine, on peut se sentir tout à la fois attiré par leur prix modique et saisi de respect par leur considérable tirage. La parution de ce volume consacré à l’histoire du métro de Paris, dont l’auteur principal est notre ami et adhérent André Mignard, nous donne l’occasion de faire un tour d’horizon des publications sur ce sujet dont l’intérêt, au vu du nombre d’ouvrages qu’il a suscité, reste vif. Et plutôt que de le décrire dans le détail, nous préférerons dans cet article en rendre compte sous l’angle de la participation de Guimard au métro parisien.
L’histoire et la description du métro parisien ne sont donc pas des nouveautés puisque dès 1901, soit un an à peine après l’ouverture de la première ligne, Albin Dumas publie Le Chemin de fer métropolitain de Paris. Il est suivi de près par Jules Hervieu qui écrit Le Chemin de fer métropolitain municipal de Paris en 1903 et 1908 et par Louis Biette avec Le Métropolitain de Paris en 1906. Bien plus tard, Roger-Henri Guerrand, adoptant un point de vue sociologique, écrira Mémoires du métro, publié en 1961 aux éditions La Table ronde, ouvrage qu’il réécrira et rééditera plusieurs fois. Plus technique, Notre métro de Jean Robert, publié en 1968 aux éditions Omnes & Cie, restera longtemps un ouvrage de référence et sera réédité aux éditions Jean Robert en 1983. Il faut attendre les plus récents Fulgence Bienvenüe et la construction du métropolitain de Paris de Claude Berton et Alexandre Ossadzow aux Presses des Ponts en 1998, De Bienvenüe à Météor, un siècle de métro en 14 lignes, de Jean Tricoire aux éditions de La Vie du rail en 1999, Le Métro de Paris de Julian Pepinster chez le même éditeur en 2010 et La Grande Histoire du métro parisien de Clive Lamming aux éditions Atlas en 2011, pour bénéficier d’ouvrages généralistes complets et actualisés sur le sujet. [1]
L’intervention de Guimard — qui nous intéresse plus ici — est diversement traitée au fil des décennies. Si en 1901, Dumas dévoile déjà un certain nombre d’illustrations des ouvrages Guimard en cours d’installation, il ne les commente pas, laissant ce soin à la presse spécialisée. Dans les années soixante, le livre de Roger-Henri Guerrand et ses avatars se situent en pleine redécouverte enthousiaste de l’Art nouveau dont Guerrand sera l’un des protagonistes. Plus polémistes que scientifiques, ses textes vont certes mettre en lumière le nom de Guimard, mais être aussi à l’origine d’un certain nombre de légendes ou d’affirmations abusives que nous continuons à voir resurgir de temps à autres. Elles sont par exemple reprises dans La Grande Histoire du métro parisien de Clive Lamming en 2011, mais aussi de façon plus surprenante sur les cartels de la salle Guimard du Musée des beaux-arts de Lyon. Les études universitaires, les catalogues d’expositions muséales et les livres consacrés à Guimard en reprendront aussi un certain nombre, avant que la tendance ne s’inverse avec la parution du Métropolitain de Guimard aux éditions Somogy en 2004 puis de Guimard, l’Art nouveau du Métro aux éditions de La Vie du rail en 2012, écrits en collaboration avec André Mignard, deux ouvrages qui ont donné un socle cohérent à l’histoire et à la signification de l’œuvre de Guimard pour le métro.
Depuis longtemps, plus aucun auteur, de crainte de passer pour un béotien, ne se risquerait à critiquer ouvertement les créations de Guimard. Que l’on se sente ou non attiré par son style, l’approbation est devenue générale. Mais la compréhension n’est pas pour autant toujours au rendez-vous. C’est l’impression que laisse l’ouvrage Paris Métro, histoire et design de Sibyl Canac et Bruno Cabanis aux éditions Massin en 2014, où les inexactitudes, les imprécisions et les contresens fourmillent. Tout aussi irritant est l’emploi récurrent des termes « libellules », « pagodes chinoises » et autres « brins de muguet » pour décrire les accès de métro de Guimard. Ces formules toutes faites, raccourcis culturels suggestifs, parfois poétiques ou parfois malveillants, ont fait mouche à une époque. Mais elles devraient être définitivement signalées comme des trouvailles spirituelles et non être utilisées comme des outils de description en raison de leur pouvoir par trop réducteur.
Si L’histoire du métro parisien pour les nuls est bien un ouvrage généraliste sur le métro, il consacre plusieurs passages aux accès créés par Guimard sans jamais tomber dans les travers signalés plus haut. En reprenant partiellement des passages du Guimard, l’Art nouveau du Métro, le texte ne s’écarte pas du sillon tracé. Au contraire — et c’est là son intérêt véritable — il le renforce en explicitant finement les mécanismes de décision et de fonctionnement au sein des administrations municipales et préfectorales. André Mignard qui avait pu accéder pleinement aux archives de la RATP, a consacré de nombreuses heures de recherches en bibliothèque pour étudier les délibérations de la Commission municipale du métropolitain. Ce sont ces actes qui donnent les clés de la démarche de la municipalité parisienne, bien décidée à construire et à financer par elle-même son propre métro, au service de ses administrés (et parfois au détriment des banlieusards et des provinciaux). Loin de négliger, comme il est souvent fait, l’aspect financier de l’opération, l’auteur détaille avec précision les montages financiers du début, ainsi que les subtilités des différentes conventions passées entre la Ville et ses concessionnaires (CMP, Nord-Sud, puis RATP). Grâce à cette démarche rigoureuse, il confirme au passage plusieurs faits concernant Guimard et le métro que nous rappelons ici pour la forme :
Au fil des nombreux chapitres, eux-mêmes entrelardés d’encadrés précisant un point particulier ou même une anecdote, de nouvelles informations se font jour. On apprend par exemple que si la convention passée avec la compagnie du Nord-Sud fin 1904 prévoit de façon expresse la mise en place d’ascenseurs, c’est certainement parce que la CMP n’avait pas eu dans sa convention de 1898 l’obligation stricte d’en équiper certaines stations. C’est ainsi que le pavillon des voyageurs de la station Étoile, pourtant conçu pour recevoir de tels ascenseurs n’en comportera jamais, la CMP se refusant constamment à en faire la dépense. Ce pavillon de Guimard, ainsi privé de véritable fonction, prêtera d’autant plus facilement le flanc aux critiques de ceux qui veulent l’abattre dès 1904. Il sera finalement détruit en 1926.
Nous recommandons donc vivement la lecture de cet excellent petit ouvrage et nous espérons que sa forte diffusion contribuera à ancrer les informations exactes qu’il contient dans l’esprit du grand public et des médias.
F. D.
[1] Mentionnons aussi l’existence de plusieurs petits ou gros ouvrages plus anecdotiques ou plus spécialisés comme le catalogue de l’exposition Métro-Cité, écrit en collaboration aux éditions Paris-Musées en 1997, Le Patrimoine de la RATP, écrit en collaboration aux éditions Flohic en 1998 ; Le Métro de Paris, 1899-1911 : images de la construction aux éditions Paris-Musées en 1999 ; Paris Métro-Rétro de Gérard Roland aux éditions Bonneton en 2001, Métro insolite de Clive Lamming aux éditions Parigramme en 2002 ; une première compilation de cartes postales anciennes Le Métro de Paris, les premières lignes de Jean-Pierre Rigouard aux éditions Alan Sutton en 2002, suivi de Le Métro de Paris, les lignes complémentaires du même auteur aux mêmes éditions en 2003 ; Stations de métro d’Abbesses à Wagram de Gérard Roland aux éditions Bonneton en 2003 ; Petite histoire du ticket de métro parisien par Grégoire Thonnat aux éditions Télémaque en 2010 ; Les Archives inédites de la RATP de François Siegel aux éditions Michel Lafont en 2011 ; L’Histoire du métro racontée par ses plans par Julian Pepinster et Mark Ovenden aux éditions de La Vie du rail en 2015. Cette liste copieuse est pourtant loin d’être complète.
L’exposition évènement consacrée aux 150 ans de la naissance de Guimard se tiendra à la mairie du XVIème arrondissement de Paris du 30 juin au 27 juillet prochain.
Comme nous l’avons annoncé lors de notre Assemblée générale du 11 février dernier, nous lançons une opération de financement participatif destinée à compléter le budget de l’exposition. En effet, même si la mairie du 16ème met généreusement à notre disposition la salle des fêtes, l’organisation d’un tel évènement nécessite un budget conséquent que notre association ne peut supporter seule.
C’est pourquoi nous avons choisi le site DARTAGNANS.fr, spécialisé dans le mécénat culturel, pour lancer un appel à la générosité de chacune et chacun d’entre vous.
Votre soutien permettra par exemple de financer la réalisation d’une maquette des ateliers Perrichont et la création du papier peint du Castel Béranger.
Nous avons apporté un soin particulier dans le choix des contre-parties (cartes postales, journal de l’exposition, visites guidées…).
D’autre part, votre don est défiscalisable. À la fin de la collecte, vous recevrez un reçu fiscal vous permettant une réduction de votre impôt :
– Particulier, vous pouvez déduire 66% de votre don dans la limite de 20% de votre revenu imposable.
– Entreprise, l’ensemble des versements au projet permet de bénéficier d’une réduction d’impôt sur les sociétés de 60% du montant de ces versements, pris dans la limite de 0,5% du C.A. H.T. de l’entreprise.
Pour participer et partager cette opération :
https://dartagnans.fr/fr/proje
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Merci à vous !
Le dossier sur la sépulture Grunwaldt vient s’enrichir aujourd’hui d’un nouvel article passionnant. Écrit par notre adhérente Marie-Claude Paris, il nous livre des informations inédites sur les origines de la famille Grunwaldt ainsi que le patronyme de Rodolphe Grunwald et améliore nos connaissances sur les liens qui unissaient les familles Guimard et Grunwaldt.
La tombe familiale Grunwaldt[1] dessinée par Hector Guimard au cimetière nouveau de Neuilly-sur-Seine ou l’énigme de la consonne muette.
A lire le nom des occupants de la sépulture N° 6553 au cimetière nouveau de Neuilly, on pourrait penser que ceux-ci ont pour patronyme de naissance Grunwaldt [2]. Or ceci pose problème, car sont inhumés là un beau-père (i.e. Pavel Michailovich Grunwaldt) et son gendre (i.e. Raphaël Rodolphe Grunwald), portant tous deux le même patronyme, celui de Grunwaldt. Je voudrais montrer que les patronymes du gendre et celui du beau-père diffèrent par la seule présence (ou l’absence, selon le point de vue que l’on adopte) d’une consonne finale muette ‘t’[3]. Ainsi cette consonne disparaît-elle au gré des besoins des déclarants. De fait, non seulement Raphaël Rodolphe mais aussi ses deux filles, Janina et Gladys Grunwald, ne sont pas des Grunwaldt, contrairement à ce qui figure sur la sépulture de Neuilly. Quelques recherches dans l’état civil le prouvent.
On ne sait pourquoi le gendre utilise le patronyme de son beau-père lorsqu’il achète en février 1907 une concession perpétuelle au cimetière nouveau de Neuilly. Mais on peut penser que l’utilisation de cette orthographe[4] est délibérée puisque, quelques mois à peine après son achat, Rodolphe fait don de cette concession à sa belle-famille, sans donc avoir besoin de changer de patronyme.
(Ce patronyme est parfois écrit « GRINVALDT » comme, par exemple, lors de la foire mondiale de Chicago — Chicago World Fair, qui s’est tenue de mai à octobre 1893. « Grinvaldt » sonne clairement plus américain qu’allemand).
Pavel Michailovich GRUNWALDT est le fils de Michel Grunwaldt et de Kalmen Sacha. Il naît le 18/4/1851 à Mitau (Russie/Courlande) et meurt à 16h le 20 janvier 1922 au Casino municipal de Nice, Place Masséna. Son épouse, Lydia Julievna Stern est née comme lui à Mitau (Russie) le 14 janvier 1861. Elle décède à son domicile, avenue Ingres, Paris, en 1925.
Pavel/Paul est un fourreur de grand renom. Il expose à la Chicago World Fair en 1893. La même année il dispose aussi d’une adresse à St Petersbourg, 22 Newsky et à Paris au 4 avenue Ingres, 16ème arrondissement. Avant de quitter les Etats-Unis en 1894, il fait des soldes au 96 fifth avenue à New York. En 1895-1896 sa boutique parisienne se trouve au 6 rue de la Paix, Paris, 2ème arrondissement. Lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1889, son titre est : « Fournisseur de Sa Majesté le Tzar ». Le 28 Novembre de la même année, il réside à l’hôtel Dominici, rue de Castiglione, et fait coudre en peu de temps un paletot de loutre pour Jummy, la chienne de la princesse de Galles ![5]
Entre 1898 et 1926, on trouve de nombreuses photos de ses modèles à Paris. La société de fourrures en gros Grunwaldt était encore domiciliée 6 rue de La Paix en 1938.
2.1 Raphaël Rodolphe GRUNWALD
Il est le gendre de Pavel M. GRUNWALDT. Il est né en Russie (Courlande) à Mitau, le 5/2/1871, tout comme Pavel. C’est le fils de Zalman Grunwald et de Rebecca Engelberg. Le 18/12/1900, il épouse Valérie Grunwaldt, l’une des filles de P.M. Grunwaldt. Née à Saint-Petersbourg le 19/9/1882, Valérie est alors mineure et domiciliée chez ses parents 4 Avenue Ingres. Raphaël Rodolphe, rentier, réside 9 rue de Verneuil, Paris 7ème. Le mariage de Raphaël Grunwald et de Valérie Grunwaldt a lieu à la mairie du domicile du marié, le 7ème arrondissement. L’oncle de Valérie, Edouard Grunwaldt[6] est l’un des témoins du mariage
Raphaël Grunwald décède le 27/6/1917, à 46 ans, 47 rue Jacob et son épouse Valérie en 1958. Tous deux reposent dans la tombe des Grunwaldt.
2.2 Les filles GRUNWALD
Les époux Grunwald auront deux filles. La première Janina Rebecca Grunwald naît le 08/03/1902, 5 rue Laurent Pichat dans le 16ème arrondissement. En 1930 Janina épousera Jean-Marie Frachon, puis divorcera. Elle décède le 29/08/1966 à Paris, 15ème arrondissement. C’est elle qui, suite au décès de sa mère Valérie en 1958, demande la remise en état de la porte de la chapelle de la tombe familiale Grunwaldt.
La seconde fille, Gladys Manuelle Grunwald, naît le 28/06/1904 4 rue Berlioz dans le 16ème arrondissement et décède à Saint-Cloud en 1971. Gladys épouse Cholim/Szolem Mandelbrojt en mai 1926 à Neuilly. Tout comme Janina, Gladys est inhumée dans la tombe familiale des Grunwaldt.
Quelle est la raison du changement d’orthographe du nom de Raphaël R. Grunwald en Rodolphe Grunwaldt ? Un changement légal de patronyme n’a pas été effectué, puisque les enfants de Raphaël R. ont pour patronyme Grunwald. Reste alors une hypothèse : Rodolphe obéit à la puissance du beau-père, qui souhaite la préservation de son nom, considérant que seul son gendre peut et doit maintenir le patronyme. En effet, en 1907 Pavel a deux filles mariées et un fils Wladimir René Alexandre, lequel n’a que quatorze ans. Marie-Clémence[7] est mariée à Ichoua J. Smadja et Valérie à Raphaël. Wladimir ne se mariera qu’en 1935. Quant au frère cadet de Pavel, Edouard celui-ci est sans descendance.
Ainsi lors du décès de Rodolphe en 1917, et cinq ans avant le décès de son beau-père, le patronyme « Grunwaldt » sera celui des occupants futurs de la tombe. Le beau-père, qui aimait titres, distinctions, médailles et honneurs, conserve donc ainsi l’autorité sur sa famille en plus d’une certaine éternité. Il est, de surcroît, immortalisé par une statue en buste dans la sépulture.
Si Hector Guimard a bien réalisé le dessin de la tombe Grunwaldt après le décès de Pavel en 1922, il revient à Adeline O. Guimard d’avoir très probablement mis en relation son époux Hector avec Pavel et/ou Lydia Grunwaldt. En effet, Adeline a effectué un portrait de Pavel avant son décès et ce, très probablement après la fin de la première guerre mondiale, à l’époque où elle dessinait les portraits de politiciens et d’ami(e)s dans son atelier du 122 avenue Mozart. Les Grunwaldt et les Guimard étant voisins, on peut très bien imaginer que Lydia rende visite à Hector dans ses bureaux avenue Mozart. Outre cette relation de voisinage, Mme Guimard jouait alors un rôle certain dans la colonie américaine de Paris. Elle aurait pu connaître Pavel auparavant lorsque celui-ci s’occupait de la Chambre de commerce américaine de Paris dont il est le fondateur[8].
Le portrait de Pavel par Adeline Guimard a été exposé 22 place Vendôme, Paris, en janvier 1922 à la galerie Lewis and Simmons, à quelques mètres de la maison de fourrure Grunwaldt. À cette coïncidence de lieu s’en ajoute une de temps : Pavel M. Grunwaldt est décédé le 20 janvier 1922 au moment où se tenait l’exposition d’Adeline O. Guimard (12 au 27 janvier 1922).
Ainsi chacun à leur façon, Adeline et Hector Guimard ont contribué à l’éternité de Pavel M. Grunwaldt.
Marie-Claude PARIS
[1] Ce travail a été inspiré par la conférence de Christine Grasset, Frédéric Descouturelle et Olivier Pons, prononcée lors de l’Assemblée Générale du Cercle Guimard le 11 février 2017 à Paris, Mairie du seizième arrondissement.
[2] Hormis le bébé Smadja, qui est (probablement) l’enfant de I. Jehova Smadja et de Marie-Clémence Grunwaldt, l’une des filles de Pavel Grunwaldt.
[3] Encore que Grunwaldt devrait s’écrire avec un tréma sur le ü, soit Grünwaldt.
[4] Voir une copie de l’acte d’achat de la concession sur le site lecercleguimard.fr, rubrique « sépultures ».
[5] Voir Le Chenil : journal des chasseurs et des éleveurs, novembre 1889.
[6] Edouard, dit Clark, est le frère cadet de Pavel. A cette date il est domicilié à Paris, 18 rue Chauveau Lagarde, 16ème arrondissement. Tout en étant fourreur, il s’occupe de la vente d’objets d’art. Lors de la « Louisiana Purchase Exposition » (Exposition Universelle de Saint Louis, Missouri) de 1904, il dirige le « Russian Art Exhibit ». Il vend des œuvres sans payer leurs auteurs (voir L’Univers israélite du 26/11/1926) ou escroque certains (voir Le Temps du 30/6/1891). Il meurt à 55 ans à New York dans la misère.
[7] Marie-Clémence épouse (peut-être) I. Jehova Smadja en 1905.
[8] Voir le journal Le Radical du 29 janvier 1922.
Aujourd’hui 10 mars 2017, nous célébrons les 150 ans de la naissance d’Hector Guimard.
Pour honorer cette mémoire, nous vous annonçons la préparation d’une exposition consacrée à l’architecte, du 29 juin au 28 juillet 2017 à la mairie du 16ème arrondissement de Paris.
Notre projet est de décrire une personnalité multiple, moderne et visionnaire.
D’autres nouveautés viendront ponctuer cette année exceptionnelle. Pour ne rien manquer, vous pouvez vous inscrire pour être alerté(e) des mises à jour (encart ci-contre) ou suivre Le Cercle Guimard sur Facebook et Hector Guimard sur Twitter.
De nouvelles informations sur la sépulture Grunwaldt, mises au jour par notre adhérente Christine Grasset, nous permettent de reprendre en profondeur les connaissances accumulées sur cet intéressant jalon de la création de Guimard dans le domaine funéraire.
Sa datation a été corrigée et nous avons pu établir que certains éléments volés ont reparu en salle des ventes. Son état de dégradation actuelle est malheureusement préoccupant.
Vous pouvez recevoir les objets par colis ou vous déplacer au domicile de Frédéric Descouturelle, secrétaire de l'association.
Recevoir les objets par colis
Prix du transport en sus.
Actuellement, seul le règlement par chèque est possible. Les chèques seront à libeller au nom de : « Le Cercle Guimard ».
Merci d'envoyer un message pour passer commande.
Se déplacer au domicile de notre trésorier, à Montreuil (métro Robespierre).
Vous pouvez prendre rendez-vous par courriel pour venir un vendredi après-midi ou un samedi matin. Dans ce cas, le règlement en espèces est possible.
Vous pouvez réaliser un règlement unique comprenant l’achat et la cotisation.