La maison de vente aux enchères Million organise une vacation entièrement consacrée à l’Art nouveau à l’Hôtel Drouot, salle 14, le jeudi 7 décembre.
Parmi les 152 lots, 12 sont attribués à Hector Guimard et comprennent surtout des éléments de quincaillerie et des fontes ornementales.
Notre attention a été attirée par les lots 136 et 137 dont l’attribution ou la notice nous semblaient problématiques. Elles ont, depuis, été revues (voir addenda en fin d’article).
Le lot 136 est une suite de 10 chiffres en fontes destinés à la numérotation des maisons, estimée à 5-6000 €. Facilement reconnaissables par leur aspect de surface, ils sont identiques à ceux que nous vendons au prix de 30 euros pièce. Tous proviennent de l’important lot réédité à partir de la fin des années 80 par la fonderie de Saint-Dizier, par surmoulage de tirages anciens (les contre-modèles d’origine ayant été vendus en 1971 à la Fondation De Menil à Houston.) Le chiffre 4 qui — faute de tirage ancien — avait été recréé de façon un peu malhabile par la fonderie, est encore plus reconnaissable. Toutes les informations concernant ces chiffres sont regroupées dans notre article :
Chiffres Guimard en fonte : tirages anciens ou modernes ?
Le lot 137 est un modèle d’horloge boulangère (c’est à dire suspendue par une chaîne). L’exemplaire proposé par Millon est déjà passé en vente à l’Hôtel Drouot chez Ader le 25 mai 2012 (lot n° 207) avec la qualification “d’après Guimard”. Elle porte l’inscription “G. Cuspinera/Barcelona” qui était un important bijoutier-horloger de la capitale catalane.
La maison Millon avait vendu des modèles identiques (l’inscription mise à part) à plusieurs reprises : le 23 mars 2005 à l’Hôtel Drouot, salle 1 ; le 23 mars 2011 à l’Hôtel Drouot (lot n° 206) ; le 24 avril 2013 à l’Hôtel Drouot, salle 7 ; revendue le 7 octobre 2013 à l’Hôtel Drouot, salle 1, en les attribuant à chaque fois à Hector Guimard.
Grâce à des recherches qui se sont étendues sur plusieurs années nous avons pu faire un point complet sur les deux modèles (le petit et le grand) de ces horloges boulangères qui étaient couramment attribuées à Guimard et dont nous savons à présent qu’elles étaient fabriquée par l’horloger Farcot à Paris. Toutes ces informations sont disponibles dans notre article :
Ceci n’est pas un Guimard : horloges boulangères
Les chiffres Guimard devraient être clairement signalés comme étant des tirages modernes obtenus par surmoulage de tirages anciens. Quant à l’horloge Farcot, elle ne devrait pas être attribuée à Guimard, ni “d’après Guimard”, ni “dans le goût de Guimard” mais comme une “horloge Farcot de style Art nouveau”.
Addenda du 7 décembre 2107
Lors de la vacation, les chiffres ont été oralement qualifiés de « rééditions ». Mis à prix à 3000 €, leur prix d’adjudication est monté à 4000 € + 30% de frais = 5200 €.
Quant à l’horloge boulangère, elle a été oralement signalée comme « modèle Art nouveau » et non plus comme une œuvre de Guimard. Mise à prix à 4000 €, elle n’a pas trouvé d’enchérisseur.
Addenda du 14 décembre 2107
L’horloge boulangère a finalement été vendue, après la vente aux enchères, pour 6500 €.
F.D.
Grâce à une annonce récemment parue sur eBay (malheureusement supprimée au bout de quelques jours) l’existence d’un artiste appartenant à la fois au courant de l’Art nouveau et à celui de l’art lipogrammatique a récemment été découverte.
http://m.ebay.fr/itm/vase-bronze-art-nouveau-hector-guimard-1910-/311616435264?nav=SEARCH
Il est l’auteur du vase en bronze ci-dessus et ci-dessous, signé de son nom « Hector Guimad » et daté « 1910 ».
Certains esprits perspicaces pourraient faire le rapprochement entre ce vase et celui d’un artiste un peu plus connu, du nom d’Hector Guimard, vase tiré en petite série en bronze doré et dont deux exemplaires ont été donnés par sa veuve Adeline Oppenheim au musée Cooper-Hewitt de New-York (ci-dessous).
La question de savoir qui, de Guimad ou de Guimard, s’est inspiré de l’autre se pose évidemment. Plusieurs indices peuvent nous aider à y répondre. Un premier élément pourrait être fourni par les dimensions des deux objets. Le vase signé « Guimad » mesure 25 cm de hauteur, alors que celui signé « Guimard » en fait 26,5 cm. Il est donc fort possible que Guimard ait prévu de créer son propre modèle en un peu plus grand, de façon à ce qu’en cas de surmoulage, le retrait inhérent à cette technique le réduise à 25 cm, hauteur du vase qu’il a sans doute voulu copier. Il a aussi fait pousser le détail de la ciselure sur son propre modèle afin que, là aussi en cas de surmoulage, sa copie soit plus crédible. Et sans doute incapable de reproduire les belles rayures obtenues par un savant brossage à la paille de fer du modèle de Guimad qu’il imitait, Guimard a sans doute préféré faire dorer le tout.
Quant à la signature, on voit que Guimard l’a calligraphiée d’une manière différente et qu’il s’est bien gardé de la millésimer, contrairement à Guimad qui a eu l’honnêteté d’y porter une date.
Retenons donc ce nom d’Hector Guimad car il a certainement produit d’autres objets comme des poignées de potes, des fontes onementales et peut-être même des édicules de métopolitain ou des immeubles comme le Castel Béanger.
De toute part nous parvient une nouvelle espérée : un nouveau vase d’Hector Guimad est apparu ! C’est en effet la Société de Ventes Volontaires de Bourgogne, maison de vente connue et estimée de Chalon-sur-Saône qui s’est chargé de le faire connaître aux amateurs.
Nous disons bien un nouveau vase et non pas celui retiré de la vente d’eBay, car cet exemplaire mesure à présent 26,5 cm (et non plus 25 cm) et il s’est doté d’une dorure. Dorure d’un genre particulier d’ailleurs, puisqu’elle est entièrement invisible et laisse voir les exactement mêmes rayures virtuoses que sur le vase d’eBay. De nouvelles photographies accompagnent cette annonce. L’une d’elles reproduit très bien la signature d’Hector Guimad.
On voit sans peine sur ce détail d’une petite table qui figurait au 122 avenue Mozart, que lorsqu’il voulait imiter cette signature, Hector Guimard avait la plus grande peine à en rendre le caractère (volontairement) gauche et tremblotant.
En tout état de cause, le concept de « signature lipogrammatique » que nous venions d’inaugurer avec ce vase semble recevoir un accueil favorable puisqu’il a été repris tel quel au sein de l’annonce de la vente de la maison de vente de Chalon-sur-Saône.
L’art liprogrammatique vient donc de faire son entrée officielle sur la scène du marché de l’art, puisque ce vase d’Hector Guimad a été adjugé 4800 € le 19 juin 2106. C’est un bon début, mais n’oublions pas que d’autres artistes lipogrammatiques comme Auguste Renoi ou Auguste Odin attendent d’être reconnus.
Frédéric Descoutuelle
L’histoire de la redécouverte d’Hector Guimard
Le Cercle Guimard n’a pas pour vocation de promouvoir les ventes aux enchères. Pourtant, nous avons souhaité faire une exception devant la qualité, l’importance et l’histoire de cette collection Yves Plantin proposée à la vente par la maison Art Auction France les 22 et 23 novembre à Éléphant Paname (Paris IIe).
Dans les années 60, Yves Plantin et Alain Blondel font partie de ce petit groupe à l’avant-garde de la redécouverte d’Hector Guimard. Ils ouvrent ensemble une galerie d’art, qui deviendra plus tard la Galerie du Luxembourg.
Ce contexte favorise l’acquisition de nombreux meubles et objets : certains sont découverts à leur emplacement d’origine, d’autres sont acquis directement auprès de personnes ayant côtoyé le couple Hector et Adeline Guimard. Tous donnent de précieux renseignements sur leur provenance ou leur commanditaire et permettent petit à petit de redessiner l’œuvre de ce grand architecte.
La vente propose plus de 800 objets, meubles et tableaux datant pour la plupart de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle, dont une collection exceptionnelle de 150 pièces de Guimard pour lesquelles l’expertise du Cercle Guimard a été sollicitée.
Il s’agit de la plus importante collection jamais proposée aux enchères pour cet artiste. De surcroît, elle nous réserve quelques belles surprises et raretés. Aujourd’hui, nous voudrions simplement donner un avant-goût de cette vente en évoquant la présence de fontes de Saint-Dizier, de fauteuils de la Salle Humbert de Romans, d’une série de dessins originaux signés représentant les Lustres Lumière ou encore de vestiges d’édifices aujourd’hui disparus comme le Castel Henriette et l’Hôtel Nozal.
Deux meubles, une banquette et un portemanteau, parmi les premiers dans la carrière de l’architecte, sont à signaler particulièrement : datés de 1894 et exposés en 1895, ils ne sont déjà plus néogothiques. D’autres influences (rustique, naturaliste, scandinave) montrent que le jeune Guimard est en recherche de nouveauté stylistique. Celle-ci ne tardera pas à surgir sous la forme de l’Art nouveau rencontré en Belgique cette même année 1895.
Nous reviendrons plus en détails sur ces meubles et objets, mais nous ne pouvons que vous conseiller de venir à la rencontre de ces œuvres lors des expositions publiques précédant les ventes qui vous permettront de les admirer en détails.
Il semblerait bien que cette vente s’annonce comme l’événement de cette fin d’année.
http://www.artauction-france.com
Olivier Pons, Frédéric Descouturelle, Nicolas Horiot
Vous pouvez recevoir les objets par colis ou vous déplacer au domicile de Frédéric Descouturelle, secrétaire de l'association.
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