Grâce à une annonce récemment parue sur eBay (malheureusement supprimée au bout de quelques jours) l’existence d’un artiste appartenant à la fois au courant de l’Art nouveau et à celui de l’art lipogrammatique a récemment été découverte.
http://m.ebay.fr/itm/vase-bronze-art-nouveau-hector-guimard-1910-/311616435264?nav=SEARCH
Il est l’auteur du vase en bronze ci-dessus et ci-dessous, signé de son nom « Hector Guimad » et daté « 1910 ».
Certains esprits perspicaces pourraient faire le rapprochement entre ce vase et celui d’un artiste un peu plus connu, du nom d’Hector Guimard, vase tiré en petite série en bronze doré et dont deux exemplaires ont été donnés par sa veuve Adeline Oppenheim au musée Cooper-Hewitt de New-York (ci-dessous).
La question de savoir qui, de Guimad ou de Guimard, s’est inspiré de l’autre se pose évidemment. Plusieurs indices peuvent nous aider à y répondre. Un premier élément pourrait être fourni par les dimensions des deux objets. Le vase signé « Guimad » mesure 25 cm de hauteur, alors que celui signé « Guimard » en fait 26,5 cm. Il est donc fort possible que Guimard ait prévu de créer son propre modèle en un peu plus grand, de façon à ce qu’en cas de surmoulage, le retrait inhérent à cette technique le réduise à 25 cm, hauteur du vase qu’il a sans doute voulu copier. Il a aussi fait pousser le détail de la ciselure sur son propre modèle afin que, là aussi en cas de surmoulage, sa copie soit plus crédible. Et sans doute incapable de reproduire les belles rayures obtenues par un savant brossage à la paille de fer du modèle de Guimad qu’il imitait, Guimard a sans doute préféré faire dorer le tout.
Quant à la signature, on voit que Guimard l’a calligraphiée d’une manière différente et qu’il s’est bien gardé de la millésimer, contrairement à Guimad qui a eu l’honnêteté d’y porter une date.
Retenons donc ce nom d’Hector Guimad car il a certainement produit d’autres objets comme des poignées de potes, des fontes onementales et peut-être même des édicules de métopolitain ou des immeubles comme le Castel Béanger.
De toute part nous parvient une nouvelle espérée : un nouveau vase d’Hector Guimad est apparu ! C’est en effet la Société de Ventes Volontaires de Bourgogne, maison de vente connue et estimée de Chalon-sur-Saône qui s’est chargé de le faire connaître aux amateurs.
Nous disons bien un nouveau vase et non pas celui retiré de la vente d’eBay, car cet exemplaire mesure à présent 26,5 cm (et non plus 25 cm) et il s’est doté d’une dorure. Dorure d’un genre particulier d’ailleurs, puisqu’elle est entièrement invisible et laisse voir les exactement mêmes rayures virtuoses que sur le vase d’eBay. De nouvelles photographies accompagnent cette annonce. L’une d’elles reproduit très bien la signature d’Hector Guimad.
On voit sans peine sur ce détail d’une petite table qui figurait au 122 avenue Mozart, que lorsqu’il voulait imiter cette signature, Hector Guimard avait la plus grande peine à en rendre le caractère (volontairement) gauche et tremblotant.
En tout état de cause, le concept de « signature lipogrammatique » que nous venions d’inaugurer avec ce vase semble recevoir un accueil favorable puisqu’il a été repris tel quel au sein de l’annonce de la vente de la maison de vente de Chalon-sur-Saône.
L’art liprogrammatique vient donc de faire son entrée officielle sur la scène du marché de l’art, puisque ce vase d’Hector Guimad a été adjugé 4800 € le 19 juin 2106. C’est un bon début, mais n’oublions pas que d’autres artistes lipogrammatiques comme Auguste Renoi ou Auguste Odin attendent d’être reconnus.
Frédéric Descoutuelle
Le Cercle Guimard propose une visite guidée dans le sud du quartier d’Auteuil (16ème arrondissement de Paris), samedi 28 mai 2016, à 15h.
Durée : environ 2 heures.
Tarifs :
– Non adhérents : 20 euros
– Adhérents : 10 euros
Réservation :
https://www.lecercleguimard.fr/HG/events/visite-du-sud-dauteuil-samedi-19-mars-2016/
Le circuit commencera avec la station du métropolitain Chardon-Lagache qui se trouve juste en face l’Hôtel Delfau. Il se poursuit avec l’Hôtel Roszé ; puis l’Hôtel Jassedé qui fait l’angle de la rue Chardon-Lagache et l’avenue de la Villa-de-la-Réunion ; les immeubles Jassedé ; l’Atelier Carpeaux ; enfin, au-delà du Boulevard Exelmans, l’École du Sacré-Cœur et le monument funéraire de Charles Deron Levent au cimetière d’Auteuil.
Toutes ces étapes seront commentées et pour la majorité d’entre elles des images anciennes et des plans seront montrés aux participants.
Le Cercle Guimard propose une visite guidée le samedi 30 avril, de 10h à 12h.
Suite au sondage réalisé récemment, c’est le parcours nord qui est proposé aux visiteurs :
https://www.lecercleguimard.fr/HG/events/visite-du-nord-du-quartier-dauteuil-samedi-30-avril-2016/
Pour toute question : a.bigand-marion@lecercleguimard.fr
L’Assemblée Générale de notre association s’est tenue le 19 mars 2016 de 10 h à 12 h chez Maxim’s, au premier étage dans le petit théâtre, grâce à l’aimable invitation de M. Pierre-André Hélène, conservateur du Musée Art Nouveau Maxim’s (3 rue Royale, Paris 8ème).
Pendant ce temps, une équipe de tournage composée d’étudiants en BTS audiovisuel de l’ISA, qui nous avait contactés pour l’aider à réaliser son diplôme de fin d’année sous la forme d’un reportage sur l’Art nouveau, tournait des interviews dans l’immeuble.
Après une allocution de bienvenue de M. Hélène au cours de laquelle étaient projetées des vues anciennes de Maxim’s (cf. illustrations ci-dessous), Jean-Pierre Lyonnet, président de l’association, souhaitait la bienvenue aux participants et ouvrait l’Assemblée Générale.
Un bref rapport financier (approuvé à l’unanimité des votants) montrait la bonne santé de l’association, grâce aux rentrées dues à l’augmentation du nombre des adhérents et aux ventes de rééditions de chiffres et de poignées.
Un point sur les travaux universitaires en cours était consacré au Master II en histoire de l’art que Frédéric Descouturelle a soutenu en septembre 2015 sur les Fontes ornementales de l’architecte Hector Guimard produites à la fonderie de Saint-Dizier sous la direction de Jean-François Belhoste à l’Ecole Pratique des Hautes Études. Notre trésorier poursuit son cycle universitaire avec un doctorat en histoire de l’art consacré aux Editions d’objets du décor architectural et de préfabrications par l’architecte Hector Guimard avec le même directeur de recherches.
Cette évocation des fontes ornementales de Guimard était l’occasion de montrer la couverture d’un catalogue de fontes Guimard récemment acquis, d’un modèle moins courant que ceux habituellement connus.
Nous avons évoqué le Monument du Souvenir Français figurant dans ce catalogue de fontes « Style Guimard » grâce à la découverte d’un document ancien le présentant dans son cadre originel au parc du Petit Jard à Saint-Dizier à proximité d’un banc en fonte Guimard du modèle GO. Ce monument en fonte qui a disparu certainement lors de la première guerre mondiale (renseignement fourni par l’association du Souvenir Français) change donc de statut dans l’œuvre de Guimard : il passe de projet à réalisation. De plus nous venons d’apprendre que son contre-modèle (en deux parties articulées) se trouve aux Etats-Unis.
Le chapitre des visites de quartier était commenté par Agathe Bigand-Marion. Depuis plus d’un an, elle guide avec succès nos deux circuits pédestres dans le XVIe arrondissement. L’un des deux parcours, effectué à partir du Castel Béranger permet de découvrir une sélection représentative de la période Art Nouveau et de la période tardive de Guimard. L’autre parcours, plus au sud, permet de découvrir d’autres bâtiments dont certains sont antérieurs à la période Art nouveau.
Le Cercle Guimard s’est donné pour vocation de s’impliquer dans la protection des œuvres de Guimard qui peuvent être menacées. Nicolas Horiot présentait donc l’état des démarches en cours pour La Sapinière à Hermanville sur la côte normande. Grâce aux recherches effectuées, la date de construction a pu être précisée (1907). Sur une proposition du Cercle Guimard et sur une implication irréprochable de la DRAC de Basse-Normandie, l’édifice a été inscrit le 25 novembre 2015 à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH).
La menace pesant sur les espaces intérieurs du 8 rue Agar nous a été signalée par une habitante de l’immeuble. Au contraire du 10 rue Agar dont la rampe en fontes Guimard a été démontée et les marches recoupées pour faire place à un ascenseur, le 8 rue Agar possède encore sa cage d’escalier originelle sans ascenseur. Mais à la demande de certains propriétaires, le même processus risque de se répéter ici. Le revêtement mural originel en faux jointoyage, actuellement dissimulé sous la peinture, ainsi que les verres imprimés « Guimard » des fenêtres risquent également d’être impactés par ce projet. Une demande d’extension à la cage d’escalier de l’inscription à l’ISMH peut être déposée par le Cercle Guimard.
Une annexe de l’immeuble Jassedé du 1 rue Lancret est également concernée par un projet de démolition. Cet immeuble est adjacent à celui du 142 avenue de Versailles qui est plus connu.
Le projet de transformation concerne le fond de la « cour des miracles » (actuellement villa Alexandre Tansman), originellement constitué par une remise qui a servi de garage automobile (sa double porte de droite est d’origine).
Le projet consiste à démolir cette remise et à reconstruire à la place une petite habitation. Notre documentation iconographique permettait de préciser la configuration ancienne de cet emplacement ainsi que son attachement au lot constitué par les « immeubles Jassédé ». Une copropiétaire de l’immeuble nous a alerté peu avant l’Assemblée Générale sur l’existence de ce projet et a été invitée à prendre la parole. Le Cercle Guimard soumettra prochainement ces nouvelles pièces d’archives au regard avisé de l’Architecte des Bâtiments de France.
Il est évident que les techniques de numérisation et de réalité augmentée prendront rapidement une part croissante dans la compréhension et la visite de bâtiments existants ou disparus. À l’occasion de son diplôme final d’architecture Nicolas Horiot a effectué la première numérisation d’un bâtiment de Guimard avec la Salle Humbert de Romans. Il poursuit actuellement l’amélioration de ce travail.
Comme nous l’indiquons régulièrement, le Cercle Guimard n’a pas pour vocation de faire la promotion du marché de l’Art et ne conduit pas d’expertises au sens légal du terme. Cependant, nous ne nous interdisons pas de donner un avis — fondé sur des archives et des publications anciennes — sur certains objets mis en vente, en particulier lorsque l’attribution à Guimard est sujette à caution. Olivier Pons illustrait ce point par quelques objets sur lesquels nous sommes intervenus. Le premier d’entre eux était le désormais fameux « demi-meuble Guimard » (ci-contre) constitué du tronçonnement dans le plan frontal d’un meuble de présentation qui se trouvait originellement dans le salon de l’Hôtel Guimard au 122 avenue Mozart.
Par ailleurs notre rubrique « Ceci n’est pas un Guimard », consultable sur notre site Internet, présente régulièrement des objets faussement attribués à Guimard.
Mais, en raison de son caractère exceptionnel et de son intérêt historique, la vente de la collection d’Yves Plantin en novembre 2015, nous a vu participer à l’élaboration de son catalogue. Comme on le sait, Yves Plantin a fait partie des redécouvreurs de Guimard à la fin des années soixante et a ainsi participé à la sauvegarde d’archives, d’objets d’art et de mobilier. Plusieurs articles de cette vente étaient successivement présentés : le cadre d’un tableau provenant de la famille Coilliot,
le numéro de maison en fonte de l’Hôtel Nozal, dont les traces bleues proviennent de sa mise en peinture pour les besoins du film Hectorologie d’Alain Blondel et Yves Plantin en 1967,
l’intérieur de cheminée en fonte et son manteau en marbre provenant du Castel Béranger, préemptés par le musée de Saint-Dizier,
une banquette provenant de l’aménagement de l’Hôtel Delfau en 1895,
des dessins de lustres, une croix funéraire en fonte et une paire de fauteuil de la Salle Humbert de Romans.
Après un rappel des rééditions actuellement vendues (chiffres en fontes et poignées en porcelaine) et dont les bénéfices ont une part non négligeable dans notre exercice financier, Frédéric Descouturelle présentait trois nouveaux projets de rééditions. Les deux premiers concernent des articles de quincaillerie avec les poignées palières du Castel Béranger et de l’Immeuble Jassedé qui seront rééditées en bronze sous forme de béquilles.
Les systèmes de crémones présents au Castel Béranger et au Castel Henriette originellement en fonte (ou en bronze pour la poignée) seront également rééditées entièrement en bronze.
Notre propos est de produire des pièces de belle qualité dans des matériaux nobles, tout en permettant l’identification rapide des produits en tant que rééditions (par exemple par un logo en creux) sans confusion possible avec des pièces anciennes. Nous aviserons nos adhérents de leur mise à disponibilité sur le site Internet dès que toutes les conditions requises auront été réunies.
La mise en route d’une réédition du papier peint des chambres à coucher du Castel Béranger se fera avec la collaboration de l’Atelier d’Offard à Tours, l’un des rares à pratiquer l’impression à la planche, technique employée originellement pour les papiers peints de Guimard.
Sur une couleur de fond préalablement passée sur le papier, chaque couleur est successivement tamponnée par une planche gravée. Cette technique, plus prestigieuse parce que totalement artisanale, permet de retrouver une qualité tactile et visuelle qui n’existe plus avec l’impression au cylindre, plus industrielle.
Afin de retrouver le dessin original, il a fallu interpréter les reproductions de lés originaux en tenant compte des modifications engendrées par l’application de la couleur. Ce travail a été confié à un jeune graphiste, Alexis Lucas, qui s’est parfaitement acquitté de sa tâche.
Un tout premier lé, expédié quelques jours plus tôt par l’Atelier d’Offard a pu être présenté au public et passer de mains en mains. Il est bien entendu que les couleurs, actuellement trop franches, pourront être choisies plus précisément après étude.
Nous publierons bientôt un article abondamment illustré sur ce sujet.
Enfin Nicolas Horiot présentait le sujet d’actualité majeur : le projet que le Cercle Guimard nourrit à l’égard de l’Hôtel Mezzara. Les caractéristiques du lieu et l’opportunité d’en faire le représentant de l’Art nouveau parisien ouvert au public étaient détaillées, suscitant plusieurs questions dans le public et un intérêt évident. Actuellement nos démarches se poursuivent auprès de toutes les autorités concernées et nous tiendrons nos adhérents au courant de leur évolution. Le principe de la création d’une Fondation Guimard destinée à la gestion de ce lieu était approuvé à l’unanimité des votants.
L’Assemblée Générale pouvait se clore sur le renouvellement à l’unanimité des votants du Conseil d’Administration de l’association. Celui-ci comprend actuellement dix membres : Jean-Pierre Lyonnet, Nicolas Horiot, Dominique Magdelaine, Frédéric Descouturelle, Bruno Dupont, Olivier Pons, Agathe Bigand-Marion, Arnaud Rodriguez, Georges Vigne, Paul Smith.
En guise de conclusion, M. Pierre-André Hélène entraînait ensuite les participants dans une visite des salles du restaurant Maxim’s au rez-de-chaussée.
Après l’Assemblée Générale, le Conseil d’Administration a élu son bureau qui, conformément aux statuts, se compose :
du président : Jean-Pierre Lyonnet,
du vice-président : Nicolas Horiot,
du secrétaire : Dominique Magdelaine,
du trésorier : Frédéric Descouturelle.
Conformément à l’article 11 de son règlement intérieur, le Cercle Guimard organise son Assemblée Générale Ordinaire et Extraordinaire le samedi 19 mars 2016, de 10h à 12h dans un salon aimablement prêté par Maxim’s, 3 rue Royale, 75008 Paris.
À l’ordre du jour : bilan moral et bilan financier, ainsi que le renouvellement des membres du Conseil d’Administration.
Le bilan des activités de l’association mettra l’accent sur les publications régulières parues sur notre site internet ; sur les travaux universitaires passés et en cours et sur l’organisation des visites du quartier d’Auteuil qui ont été mises sur pied avec un bon succès.
Nous évoquerons les expertises réalisées par les membres de notre association, directement sur notre site Internet et aussi de façon exceptionnelle pour l’établissement du catalogue de la vente Plantin des 22 et 23 novembre 2015 ;
et l’inscription à l’ISMH (Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques) de la Sapinière, obtenue sous l’impulsion du Cercle Guimard.
Plusieurs projets seront présentés, notamment la réalisation en cours d’une modélisation du pavillon du métro de la place de la Bastille en partenariat avec un groupe de jeunes américains.
Plusieurs projets de réédition sont également en cours :
des poignées palières en bronze du Castel Béranger sous forme de béquilles, ainsi que du système de crémone des fenêtres ;
et le papier peint des chambres à coucher du Castel Béranger.
La communication la plus importante concernera bien-sûr l’avenir de l’hôtel Mezzara. Le Cercle Guimard se mobilise depuis plusieurs mois pour que ce lieu exceptionnel reste ouvert et devienne la vitrine du Style Guimard à Paris. Il sera demandé à l’Assemblée Générale l’approbation de la création de la Fondation Guimard indispensable à la poursuite de nos démarches.
Cette Assemblée Générale est ouverte à tous nos sympathisants, mais seuls les adhérents à jour de cotisation 2016 pourrons voter. (En cas d’absence, les adhérents peuvent donner leur pouvoir pour le vote – télécharger le document)
Nous vous espérons nombreux pour cette réunion qui sera, comme à chaque fois, l’occasion d’informations inédites mais aussi d’échanges.
Le bureau du Cercle Guimard
Plus que jamais, nous avons besoin de votre soutien.
Il y a encore quelques mois l’hôtel Mezzara était un internat du lycée Jean Zay. Aujourd’hui, mis en vente par l’État, il se cherche un avenir…Darmstadt, Glasgow, Barcelone et Bruxelles ont su investir des édifices emblématiques de leur propre courant stylistique et donner à leur ville un atout culturel de premier plan.
Pour éviter que l’hôtel Mezzara ne tombe en des mains privées qui le fermeraient au public, le Cercle Guimard se mobilise pour faire de l’hôtel Mezzara un lieu consacré à l’œuvre d’Hector Guimard et à l’Art nouveau parisien. Pour donner corps à son projet, l’association projette la création d’une fondation Guimard installée dans l’hôtel.
Vous soutenez notre action pour donner à Mezzara un rôle à sa mesure ?
Vous voulez défendre le patrimoine Art nouveau parisien et celui d’Hector Guimard en particulier ?
Votre adhésion est indispensable !
Attention, si vous avez déjà adhéré au cours du quatrième trimestre 2015, vous êtes considéré comme adhérent pour 2016. En ce cas, faites adhérer autour de vous !
Tarif normal : 20 €
Tarif couple : 30 €
Tarif bienfaiteur : 100 €
Tarif étudiant et en recherche d’emploi : 10 €
Saisissons cette occasion unique de faire de l’Hôtel Mezzara un lieu de vie, d’échanges et d’études !
Consulter un extrait de notre dossier de la Fondation Guimard (pdf)
Le bureau du Cercle Guimard
Le Cercle Guimard propose une visite guidée dans le sud du quartier d’Auteuil (16ème arrondissement de Paris), samedi 19 mars 2016, à 15h.
Durée : environ 2 heures.
Tarifs :
– Non adhérents : 20 euros
– Adhérents : 10 euros
Réservation :
https://www.lecercleguimard.fr/HG/events/visite-sud-auteuil-samedi-19-mars-2016/
Le circuit commencera avec la station du métropolitain Chardon-Lagache qui se trouve juste en face l’Hôtel Delfau. Il se poursuit avec l’Hôtel Roszé ; puis l’Hôtel Jassedé qui fait l’angle de la rue Chardon-Lagache et l’avenue de la Villa-de-la-Réunion ; les immeubles Jassedé ; l’Atelier Carpeaux ; enfin, au-delà du Boulevard Exelmans, l’École du Sacré-Cœur et le monument funéraire de Charles Deron Levent au cimetière d’Auteuil. Toutes ces étapes seront commentées et pour la majorité d’entre elles des images anciennes et des plans seront montrés aux participants.
Huit annonces parues sur eBay et se terminant simultanément le 18 janvier 2016 mettaient en vente les chiffres Guimard suivants : 0, 1, 3, 4, 6 (en fait le 9 à l’envers), 7, 8 et 9 (en fait le 6 à l’envers). Elles nous donnent l’occasion de revenir sur plusieurs notions et de préciser l’historique de ces chiffres.
Alors qu’on se serait attendu à ce que les enchères ne dépassent pas la vingtaine d’euros pièce, cette vente a donné lieu à un emballement dont le vendeur a peut être été le premier surpris. En effet, les prix se sont échelonnés de 110 € pour le chiffre 1 à 402 € pour le chiffre 8. Il ne faut pas chercher bien loin la raison d’une telle frénésie dans la surenchère. Dans son texte d’accompagnement, le vendeur assurait que chaque chiffre « provient d’un stock d’une ancienne fonderie champenoise et est donc à la fois ancien et neuf ». Ce mot « ancien » a fait espérer à de nombreux enchérisseurs qu’ils allaient pouvoir acquérir un chiffre Guimard « d’époque », c’est à dire un tirage ancien. Mais qu’est ce réellement qu’un tirage ancien ?
Lorsque Guimard fait éditer à partir de 1908 son corpus de fontes ornementales par la fonderie de Saint-Dizier en Haute-Marne, il inclut dans le catalogue à la planche 35, la série complète des chiffres qui sont destinés à numéroter les maisons dans une rue. Ces chiffres sont complétés par les mentions « bis » et « ter » et peuvent être posés sur des plaques prévues pour 1, 2 ou 3 chiffres. Il nous paraît à peu près certain que dans le cas d’une commande de chiffres sur plaque, la fonderie livrait un tirage monobloc comportant la plaque et les chiffres.
Planche 35 d’un catalogue Guimard de la fonderie de Saint-Dizier. Curieusement, le 0 est à l’envers.
Guimard utilise ces plaques sur la plupart de ses bâtiments construits à partir de 1908 (1). Mais les chiffres pouvaient aussi être fixés directement sur le mur, comme Guimard l’a fait pour ses immeubles du 122 avenue Mozart, du 18 rue Henri Heine et du 36 rue Greuze.
Numéro de maison du 36 rue Greuze (Paris XVIe) en 1927-1928. À noter que Guimard commet ici la même erreur que l’annonceur d’eBay et fait mettre en place un chiffre 9 à l’envers en place du chiffre 6 (à moins que ce chiffre 6 n’ait été placé à une époque plus récente) .
Ces numéros de maison ont sans doute été parmi les premières fontes Guimard a être posées sur des bâtiments d’autres architectes puisque nous connaissons l’existence de la plaque du n° 15 de l’avenue Perrichont, apposée dès 1908 sur un immeuble de Joachim Richard, presqu’en face des ateliers Guimard. Cette proximité nous fait soupçonner qu’il s’agissait là d’un don amical (et publicitaire ?) de Guimard à son confrère et ami, alors même que la commercialisation de ses fontes ornementales venait à peine de débuter.
Cette plaque a d’ailleurs été volée à une date inconnue, puis finalement offerte en 2005 au Musée d’Orsay (2).
D’autres plaques de numéros de maisons commandées à la fonderie en dehors de tout lien personnel avec l’architecte sont bien sûr connues, mais restent relativement rares. À l’instar du succès commercial très relatif des fontes ornementales de Guimard, ses chiffres se sont peu vendus.
Dans l’entre-deux guerres, la fonderie de Saint-Dizier abandonna progressivement la commercialisation des fontes Guimard, ne gardant au sein de son catalogue général que celles qui se vendaient assez bien comme les bancs, les jardinières, certains balcons de croisée et panneaux de porte. Après la Seconde Guerre mondiale, il n’y avait plus du tout de demande pour ce type de fontes et les contre-modèles métalliques de Guimard restèrent inutilisés dans les réserves de la fonderie. Nous nommons donc tirages anciens tous les tirages commerciaux effectués avant cette époque. Il est certain qu’il en subsistait encore, invendus au sein de la fonderie ou chez d’anciens employés, mais leur nombre ne devait pas être considérable.
Ce n’est qu’en 1968 qu’Alain Blondel et Yves Plantin, jeunes pionniers dans la réévaluation de Guimard, firent le voyage à Saint-Dizier où ils découvrirent le fonds de contre-modèles qui dormait dans les réserves de la fonderie et convainquirent le directeur d’alors de le leur céder. Dès 1971, ils en organisèrent une exposition dans leur galerie et à cette occasion publièrent un petit catalogue de 122 numéros, précédé d’un texte de présentation sur le rôle de la fonte dans l’œuvre de Guimard.
Contre-modèles des chiffres Guimard. Catalogue de l’exposition des contre-modèles des fontes Guimard à la Galerie du Luxembourg en avril-mai 1971, p. 36. Photos Laurent Sully-Jaulmes.
À l’issue de l’exposition, la majorité du fonds fut acquis par Mme Dominique de Ménil pour sa fondation à Houston. Ce fonds de contre-modèles fut ensuite l’un des points forts de l’importante exposition Art Nouveau Belgium/France présentée à Houston et à Chicago en 1976 avec 106 numéros.
Contre-modèles des chiffres Guimard. Catalogue de l’exposition Art Nouveau Belgium France à Houston et Chicago, Institute for the Arts, Rice University, The Art Institute of Chicago, 1976, p. 449. Photos Laurent Sully-Jaulmes.
Très généreusement, en 1981, Mme de Ménil fit don à l’État français de 56 contre-modèles qui furent attribués au Musée d’Orsay. Ce dernier n’étant pas encore ouvert, le Musée national d’Art moderne en exposa quelques-uns dans une salle consacrée à l’Art nouveau. Dès l’ouverture du Musée d’Orsay en 1986, un plus grand nombre de contre-modèles furent exposés dans les escaliers des tours menant aux étages supérieurs. Quant aux contre-modèles de chiffres, qui étaient restés à Houston, ils firent cependant une brève apparition à Paris pour l’exposition consacrée à Guimard au musée d’Orsay en 1992. À cette occasion, le catalogue de l’exposition en donnait en pleine page une photographie de bonne qualité en mêlant 8 contre-modèles de la collection de Ménil (les 0, 1, 2, 3, 4, 6, 7 et 8) à deux tirages anciens (le 5 et le 9) appartenant au musée d’Orsay depuis 1984 (dons de la fonderie de Saint-Dizier en 1984).
Chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 6, 7, 8 : contre-modèles, collection de Ménil. Chiffres 5 et 9 : tirages anciens, Musée d’Orsay (OAO 951 et 952). Catalogue de l’exposition Guimard au Musée d’Orsay, p. 323. Photo RMN.
À une date qui reste à préciser mais qui doit se situer à la fin des années 1980, la fonderie de Saint-Dizier prit l’initiative de rééditer les chiffres Guimard et de les commercialiser par l’intermédiaire des Fontes d’Art de Dommartin-le-Franc (Haute-Marne). Ils ont été coulés en grande quantité entre 1990 et 1995, au moment de la sortie du timbre postal Guimard. Pour les fabriquer, les contre-modèles anciens n’étant plus disponibles, il a fallu recréer des modèles, ce qui a été fait en utilisant tout simplement des tirages anciens pour les 0, 1, 2, 3, 5, 7, 8 et 9. Ce surmoulage explique une perte de qualité des tirages modernes par rapport aux tirages anciens. Pour le chiffre 4, un tirage ancien n’ayant pu être retrouvé, le modèle a dû être recréé d’après photo, avec un modelage assez médiocre. Pour le chiffre 6, le modèle utilisé était sans doute cassé à son extrémité supérieure, ce qui pourrait expliquer la modification de cette extrémité. La Fonderie de Saint-Dizier a ensuite créé un outillage spécifique en fixant les chiffres sur une plaque-modèle. La prise d’empreinte s’est faite avec du sable chimique ou « à vert ». Le type de fonte et le sable de moulage utilisés, différents de ceux utilisés en 1900, ont donné une surface plus granuleuse à ces tirages modernes qui permet de les différencier assez facilement des tirages anciens beaucoup plus lisses.
Sur les tirages anciens, les lignes sont plus complexes et plus fines, alors que sur les tirages modernes, elles sont nettement plus grossières et même très différentes à certains endroits. Mais il n’est pas toujours facile de s’en rendre compte lorsqu’ils sont revêtus de plusieurs couches de peinture. Cependant, lorsqu’on dispose d’une série de chiffres, le moyen le plus simple de savoir si l’on a à faire à des tirages anciens ou à des tirages modernes est d’observer les chiffres 4 et 6.
Les tirages anciens et modernes du chiffre 4 ont des différences manifestes.
Quant au chiffre 6, on peut voir plus haut sur le catalogue, sur la photographie des contre-modèles de la collection De Ménil à Houston et encore mieux sur une plaque de numéro de maison, que son extrémité supérieure est relevée.
Détail de la plaque de la villa d’Eaubonne par Guimard, décapée. Coll. part.
Alors que sur les tirages modernes, cette extrémité est abaissée.
tirage moderne du chiffre 6. Coll. Le Cercle Guimard.
Si l’on se penche sur certaines collections de chiffres, comme celle présentée à Londres en 2000 à l’exposition Art Nouveau 1890-1914 et qui est patinée en bleu, on constate que le chiffre 4 est bien un tirage moderne et que le 6 présente à son extrémité supérieure la caractéristique des tirages modernes. Nous supposons donc que le reste de cette série n’est pas plus ancien.
Chiffres 0, 1, 4 et 5 d’une collection privée. Catalogue de l’exposition Art Nouveau 1890-1914, Londres, 2000, p. 268.
Le chiffre 4 de la collection du musée de Saint-Dizier est lui aussi un tirage moderne (ainsi que les autres chiffres exposés).
Qu’en est-il des chiffres qui se sont vendus sur eBay en janvier 2016 ? En observant à nouveau le chiffre 4, on se rend compte, là encore, qu’il s’agit d’un tirage moderne et non d’un tirage ancien. Le chiffre 6 est bien également un tirage moderne.
La principale caractéristique de ces chiffres Guimard mis en vente était d’être copieusement rouillés, ce qui leur conférait effectivement un indéniable aspect ancien, mais ne leur donnait pas pour autant un âge supérieur à 25 ans. Ils n’auraient finalement pas dû valoir plus cher que ceux que le Cercle Guimard commercialise, avec la rouille en moins.
Frédéric Descouturelle
Merci à Élisabeth Robert-Dehault, présidente de l’ASPM, ainsi qu’à Virginie Dupuy, conservatrice du musée de Saint-Dizier, pour leur aide.
(1) Et même certains de ceux construit avant, puisque le Castel Béranger (1895-1898) a reçu une plaque aux chiffres 14, l’Hôtel Nozal (1902-1906) une plaque aux chiffres 52, l’immeuble Jassedé du 1 rue Lancret (1903-1905) une plaque au chiffre 1 et la villa d’Eaubonne (vers 1907) une plaque aux chiffres 16.
(2) Nous tenons cette anecdote de Georges Vigne qui en fait part sur son excellent blog Paris 1900 (http://paris1900.blogspot.fr/2008/02/15-avenue-perrichont-16e-arrondissement.html).
Addenda le 27 avril 2023
Un site américain de vente en ligne d’antiquités présente des copies en bronze de chiffres de Guimard. Leur finition est particulièrement médiocre.
Copies en bronze des chiffres Guimard produits en Californie. Les chiffres 6 et 9 sont inversés.
Copies en bronze des chiffres Guimard produits en Californie. Comme le montre le chiffre 4, ils ont été surmoulés sur les tirages modernes produits en France, eux-mêmes surmoulés (ou réinventés) d’après les tirages anciens.
Addenda le 15 mars 2024
La maison de ventes Christies New York a proposé dans sa vente en ligne n° 22505 du 28 février au 12 mars 2024, au lot n° 148, une série de chiffres Guimard bleutée (photo ci-dessous). Il s’agissait vraisemblablement de celle qui a fait partie de l’exposition Art nouveau 1890-1914 qui s’est tenue en 2000 à Londres au Victoria et Albert museum. Comme nous le signalons plus haut, ces chiffres sont des copies modernes. L’estimation était de 3 000 à 5 000 $. Nous avons averti le 2 mars la responsable de la vente qu’il ne s’agissait pas de chiffres anciens. Elle nous répondu très aimablement le 4 mars et a retiré le lot de la vente.
Série de chiffres Guimard, vendu en ligne par Christie’s New-York le 12 mars 2024, vente 22505, lot n° 148.
Addenda le 12 novembre 2024
La maison de ventes Millon à Paris a proposé dans sa vente du 28 novembre 2024 à l’hôtel Drouot, au lot n° 187, une série de neuf chiffres Guimard (le 2 étant manquant) estimée de 2000 € à 3000 € (photo ci-dessous). Le 9 novembre, nous avons signalé au responsable de la vente qu’il s’agissait de copies. Le lot a été retiré du catalogue de la vente le 12 novembre.
Série de copies de chiffres Guimard, vente Millon à l’hôtel Drouot le 28 novembre 2024, lot n° 187, estimation 2000-3000 €, retiré du catalogue le 12 novembre 2024.
Vous pouvez recevoir les objets par colis ou vous déplacer au domicile de Frédéric Descouturelle, secrétaire de l'association.
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