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Month: September 2025

La participation d’Hector Guimard à l’Exposition des arts décoratifs de 1925 – Première partie

13 September 2025

Nous profitons des célébrations du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs industriels et modernes qui s’est tenue à Paris en 1925[1] pour publier nos recherches sur la participation d’Hector Guimard à cet évènement. Cette contribution relativement modeste de l’architecte est un peu à l’image de sa carrière au lendemain de la Première guerre mondiale. Cette période a finalement été assez peu étudiée, mais l’Exposition de 1925 en constitue un des moments forts et sans doute l’un des plus intéressants. La participation de Guimard s’est concrétisée au sein d’un des secteurs de l’exposition appelé le Village français par la réalisation de trois œuvres : la mairie et deux monuments funéraires. La publication d’une étude complète sur le Village français étant en projet, nous avons choisi de mettre aujourd’hui en lumière certains aspects méconnus comme les intérieurs de la mairie et le cimetière. Nous évoquerons pour commencer le contexte qui a conduit à l’organisation de l’exposition, la place de Guimard et sa participation au débat d’idées à la veille de cet événement majeur pour les arts décoratifs et l’architecture.

 

Porté par l’Art nouveau dans les années 1890, le renouveau de l’architecture et des arts décoratifs européens engagé dès la fin du XIXe siècle est arrivé à maturité autour de 1910, puis se prolongeant dans les années 1920 par ce que l’on appellera rétroactivement le style Art déco, a connu un point d’orgue spectaculaire en France avec l’Exposition de 1925. La longue gestation de cette manifestation — débutée vingt ans plus tôt et décalée plusieurs fois en raison notamment du premier conflit mondial — est à la mesure de son succès (plus de 16 millions de visiteurs) et de son retentissement international propulsant la France à l’avant-garde des nations dans ce domaine.

L’ambition affichée des organisateurs étant de n’exposer que des œuvres nouvelles et modernes[2], aucune place n’avait été accordée aux styles anciens qui se sont retrouvés cantonnés dans des expositions à l’extérieur de la manifestation à l’instar de celle organisée au musée Galliera[3]. Même si certains observateurs reconnaissaient l’apport des artistes 1900 à l’art moderne, la rupture avec l’Art nouveau était donc déjà largement consommée. Parmi quelques affirmations célèbres, celle du peintre Charles Dufresne (1876-1938) résumait assez bien l’état d’esprit général de l’époque : « L’art de 1900 fut l’art du domaine de la fantaisie, celui de 1925 est du domaine de la raison »… À quelques exceptions près, les critiques étaient donc féroces envers l’Art nouveau, s’attardant souvent sur ses excès et oubliant un peu vite que l’architecture et les arts décoratifs célébrés avec faste en 1925 puisaient en partie leurs sources dans le renouvellement engagé trente ans auparavant. Il faudra attendre une décennie pour que l’on s’y intéresse à nouveau et que l’on envisage un début de réhabilitation puis de protection[4].

 

Affiche officielle de l’Exposition de 1925. Coll. part.

En 1925, parmi les noms des participants ayant profité de l’évènement pour émerger ou conforter leur carrière comme Mallet-Stevens, Le Corbusier, Roux-Spitz ou Patout, d’autres animaient déjà la scène artistique dans les années 1900. Signe d’une certaine reconnaissance, la présence en 1925 de Plumet, Sauvage, Dufrène, Follot ou encore Jallot était aussi la preuve de leur capacité d’adaptation et de renouvellement. Deux d’entre eux, Maurice Dufrène (1876-1955) et Paul Follot (1877-1942) se trouvaient même à la tête d’ateliers de décoration de grands magasins parisiens (La Maîtrise aux Galeries Lafayette pour le premier, Pomone au Bon Marché pour le second). Le succès des productions Art nouveau de qualité de ces deux grands noms de la décoration au tournant du siècle ne les avait pas empêchés d’opérer un virage dès le milieu des années 1900 vers un style plus dépouillé puis dans les années 1910 vers des compositions où les courbes avaient déjà presque disparu.

La situation d’Hector Guimard était un peu différente de celle de ses confrères. Bien qu’ayant fait évoluer son style vers plus de simplicité et de sobriété, il a toujours refusé de céder à la mode. A la veille de l’Exposition en 1923, il déclarait à un journal : « Soyons simplement nous-mêmes, imposons-nous la discipline de l’harmonie, sans croire que la Mode puisse et doive régenter l’Art[5]». Nous reviendrons un peu plus loin sur ce principe, sorte de fil conducteur des années 1920 qui explique en grande partie les choix opérés par l’architecte durant cette période.

Au début de cette nouvelle décennie, Guimard poursuivait donc une œuvre essentiellement architecturale, la perte de ses ateliers au lendemain du conflit mondial ayant fortement réduit ses travaux dans le domaine des arts décoratifs. L’activisme dont il faisait encore preuve au début des années 1920 lui avait cependant permis de conserver une certaine influence au sein d’organisations reconnues pour mettre en avant les idées nouvelles et très engagées dans la genèse de l’Exposition de 1925. Ainsi, même s’il n’occupait plus de responsabilités au sein de la Société des artistes décorateurs (SAD)[6], il en était encore adhérent au début des années 1920 et même exposant en 1923[7]. Rappelons également que lors de son voyage aux États-Unis en 1912, Guimard avait été missionné par la SAD. Il s’était alors présenté aux américains en tant que vice-président de l’association et en promoteur de « L’Exposition Internationale d’Architecture et de Décoration moderne », qui devait se tenir à Paris en 1915[8]…

C’était donc en connaisseur du sujet et porte-parole des idées modernes à l’approche de l’exposition qu’on le retrouvait en 1922 en tant que membre fondateur du Groupe des Architectes Modernes (GAM)[9], occupant le poste de vice-président aux côtés d’Henri Sauvage (1873-1932), sous la présidence de l’incontournable Frantz Jourdain (1847-1935).

 

Lettre à entête du Groupe des Architectes Modernes  réclamant la cotisation de 40 F à ses membres, datée du 10 mars 1928 et signée par Boileau. Coll. MOMA. Droits réservés.

Dans le même entretien de 1923, il en justifiait la création par le besoin de promouvoir les idées modernes qui ne manqueront pas de s’exprimer durant la manifestation à venir et, conscient que les pavillons construits n’auraient qu’une existence éphémère, par la nécessité de créer une annexe en dehors de l’Exposition de 1925 portée par l’État et la Ville de Paris « où l’architecture moderne s’exprimerait, comme les bijoux, le meuble, les étoffes, en matières définitives. Ces immeubles fourniraient aux décorateurs modernes un cadre vivant et aux industriels un premier débouché à leur production moderne sans lequel une réaction serait à redouter ». La plupart des pavillons construits pour l’exposition ont effectivement été détruits après la manifestation et ce projet d’annexe n’a pas vu le jour, pas plus que l’ambitieux projet intitulé « Hôtel de voyageurs/Maison américaine/Immeubles de rapport, constructions définitives pour les visiteurs de l’Exposition des arts décoratifs de 1925 » dont nous connaissons l’existence par trois plans signés de plusieurs architectes du GAM, dont Guimard, et qui devait prendre place boulevard Gouvion-St-Cyr à Paris (75017).

 

Plan du rez-de-chaussée du projet de bâtiments définitifs du Groupe des Architectes Modernes pour l’Exposition de 1925, daté du 30 novembre 1923. Cooper hewitt, Smithonian design museum. Droits réservés.

Le GAM s’est finalement vu confier la réalisation d’un ensemble appelé le Village français au sein de l’exposition. Cela pourrait être vu comme une compensation, voire une façon de le tenir à l’écart, mais le fait que plusieurs de ses membres aient été chargés de construire quelques-uns des bâtiments les plus importants de l’évènement confirme malgré tout l’influence de l’association sur l’exposition.

 

La mairie du Village français

Le Village français occupait un périmètre relativement restreint au niveau du Cours Albert 1er un peu à l’écart de l’esplanade des Invalides considérée comme l’épicentre de l’exposition. Regroupant une vingtaine de bâtiments construits par autant d’architectes du GAM[10], l’ensemble constituait une sorte de proposition architecturale destinée à représenter un village du début du XXe siècle.

 

Plan d’ensemble de l’Exposition de 1925 implantée de part et d’autre de la Seine. L’emplacement du Village français est surligné en jaune. La Construction Moderne, 03 Mai 1925. Coll. part.

Outre les indispensables mairie, église et école, on y  trouvait une auberge, une habitation « bourgeoise », une Maison de Tous, un bazar[11], divers bâtiments commerciaux ainsi que plusieurs constructions dites secondaires comme des transformateurs électriques, un groupe sanitaire ou encore un lavoir. Toutes ces œuvres sans exception avaient le point commun d’avoir été réalisées dans un goût moderne.

 

Plan partiel du Village français réalisé à partir des plans du portfolio L’Architecture à l’Exposition des arts décoratifs modernes de 1925/Le Village moderne/Les Constructions régionalistes et quelques autres pavillons/Rassemblés par Pierre Selmersheim, éditions Charles Moreau, 1926. Photomontage F. D.

Pour des raisons économiques et de contraintes liées à son environnement, l’ambition du projet initial avait été révisé à la baisse. Les architectes avaient dû composer avec les plantations existantes, les branchements d’égouts, d’eau, de gaz, d’électricité, de télégraphe… De plus, la surface finalement allouée au projet n’ayant pas permis de construire des bâtiments indépendants, Dervaux n’avait eu d’autre choix que de rendre mitoyennes les constructions (aux exceptions notables de l’église et de l’école). La plupart d’entre elles étaient donc alignées dans le sens de la longueur, parallèlement à la Seine. Cette révision du projet initial avait eu pour effet immédiat de modifier l’appellation de l’ensemble qui était passée de « Village moderne » à « Village français », les architectes du GAM n’ayant pas pu faire preuve de suffisamment d’urbanisme. Il est à noter que cette double appellation a perduré, y compris durant la manifestation, certains auteurs ayant estimé que le petit village était d’un aspect suffisamment moderne pour qu’il puisse garder ce qualificatif.

La mairie de Guimard a été un des derniers édifices du village à être achevé (avec le transformateur électrique de Pierre Patout (1879-1965)) alors que l’exposition avait commencé depuis plus d’un mois[12]. Un certain nombre de cartes postales anciennes montre le bâtiment encore en chantier malgré les efforts des photographes pour le cacher ou le reléguer à l’arrière-plan…

 

Vue du Village français. À l’arrière-plan à gauche, on aperçoit la mairie sous les échafaudages, de même que le transformateur de Patout sur la droite, carte postale ancienne. Coll. part.

Ce retard pris dans la construction d’un des principaux bâtiments de la petite cité explique probablement son inauguration tardive. Ce n’est que le lundi 15 juin 1925 que le Village français a été inauguré comme le montre une photo du journal Excelsior sur laquelle la mairie semble en effet dégagée des échafaudages.

 

L’inauguration du Village français. Excelsior, 16 juin 1925. BnF/Gallica.

Tournant le dos au fleuve, la mairie de Guimard s’élevait en limite de la place du village, mitoyenne sur sa gauche de la Maison de Tous due au talentueux urbaniste D. Alfred Agache (1875-1959) et sur sa droite de la Maison du tisserand de l’architecte Émile Brunet (1872-1952). Agache avait parfaitement résumé l’esprit qui avait guidé le GAM dans la construction de cet ensemble : « (…) le « Village de France », que nous avons édifié afin de donner, en raccourci, un aperçu de ce que doit être l’agglomération rurale, pour répondre aux besoins de la vie moderne[13]».

 

La mairie du Village français, carte postale ancienne. Coll. part.

Actant le fait qu’ils n’avaient pu construire des bâtiments indépendants, les deux architectes avait profité de cette proximité immédiate pour aménager une ouverture permettant de circuler entre les deux édifices[14], estimant sans doute que les fonctions et les rôles des deux édifices étaient compatibles et complémentaires.

 

La Maison de Tous et la mairie du Village français, carte postale ancienne. Coll. part.

L’aspect extérieur du bâtiment est bien connu grâce à de nombreuses cartes postales anciennes sur lesquelles il est soit le sujet principal soit le sujet secondaire, les onze pinacles rythmant la toiture le rendant souvent incontournable sur les clichés. Le bâtiment apparait comme une synthèse des dernières œuvres d’avant-guerre de Guimard et de ses recherches du début des années 1920 pour développer un mode de construction économique appelé le Standard-Construction utilisé pour édifier le petit hôtel du Square Jasmin dans le XVIe arrondissement parisien.

Apportant une touche d’originalité à l’ensemble, le plus haut de ces pinacles s’élevait à l’aplomb de la travée centrale de la façade  principale légèrement bombée et rythmée par de nombreuses ouvertures, mais en retrait d’un auvent en ciment venant couvrir l’horloge. Tel un signal, à la fois par sa hauteur et par sa fonction de carillon, il rivalisait symboliquement avec le clocher de l’église voisine construite par l’architecte Jacques Droz (1882-1955) et rappelait au visiteur l’importance de la vie républicaine dans un village moderne…  Nous avons par ailleurs une idée assez précise de ses couleurs, les Archives de la Planète du musée départemental Albert-Kahn conservant de nombreux autochromes de la manifestation où la mairie apparait dans des tons clairs dus à un habillage de briques amiantines et de pierre blanche et grise[15].

 

Vue du Village français. A gauche, la Maison de Tous et la mairie suivies de la place du village puis de l’auberge ; à droite, la poissonnerie, autochrome. Musée départemental Albert-Kahn, Département des Hauts-de-Seine.

Deux autres sources sont précieuses pour la connaissance de la mairie : le portfolio édité par Pierre Selmersheim[16] et l’article d’Anthony Goissaud dans La Construction Moderne[17]. Un troisième article inédit publié dans Le Moniteur des Architectes communaux[18] nous échappe encore mais nous espérons que cette publication permettra de le retrouver…

 

Façade principale de la mairie, portfolio L’Architecture à l’Exposition des arts décoratifs modernes de 1925/Le Village moderne/Les Constructions régionalistes et quelques autres pavillons/Rassemblés par Pierre Selmersheim, éditions Charles Moreau, pl. 2, 1926. Coll. part.

Une carte postale éditée à des fins promotionnelles par Guimard (utilisée pour illustrer l’entête de cet article) complétait ce matériel éditorial. On y trouve au recto une illustration de l’artiste A. C. Webb (1888-1975)[19]. Le verso est quant à lui décliné en différentes versions en fonction de l’utilisation souhaitée (publicitaire avec la liste des collaborateurs de la mairie, promotionnelle vantant une technique de construction ou encore vierge pour la correspondance…).

 

Façade postérieure de la mairie, portfolio L’Architecture à l’Exposition des arts décoratifs modernes de 1925/Le Village moderne/Les Constructions régionalistes et quelques autres pavillons/Rassemblés par Pierre Selmersheim, éditions Charles Moreau, pl. 3, 1926. Coll. part.

Les panneaux encadrant la porte d’entrée principale et destinés à l’affichage communal servaient ici à présenter les entreprises et les artistes ayant collaboré au chantier de la mairie. Parmi ces derniers, on y trouvait quelques noms plus ou moins célèbres comme la famille de ferronniers Schenck, fabricants de la rampe d’escalier en fer forgé, le vitrailliste Gaëtan Jeannin, auteur des vitraux de la salle des mariages ou encore le peintre René Ligeron dont nous reparlerons plus loin.

Enfin, un corpus de fontes du répertoire de modèles de Guimard édité depuis 1908 par la fonderie de Saint-Dizier ornait le bâtiment, notamment en façade postérieure où on retrouvait des balcons au premier étage et des panneaux garnissant les fenêtres du rez-de-chaussée.

 

Détail de la façade postérieure de la mairie ornée de fontes. Bibliothèque des arts décoratifs. Don Adeline Oppenheim-Guimard, 1948. Photo Laurent Sully Jaulmes.

Aux extrémités des deux façades, les descentes d’eaux de la fonderie de Saint-Dizier se raccordaient à des chéneaux provenant de la fonderie Bigot-Renaux. Ces chéneaux, sans décor, recevaient des « ornements de chéneaux à angle sortant » provenant eux aussi de la fonderie de Saint-Dizier et dont il semble qu’ils aient eu ici leur seule utilisation.

 

Détail de la façade postérieure de la mairie ornée de fontes. Bibliothèque des arts décoratifs, don Adeline Oppenheim-Guimard, 1948. Photo Laurent Sully Jaulmes.

 

La décoration fixe

Parmi les entreprises ayant eu un rôle important dans la décoration intérieure du bâtiment, figure la société ELO[20] dont les lambris en fibrociment recouvraient une partie des murs intérieurs. Cette société a connu une croissance importante dans les années 1920 au moment où les besoins en éléments de décoration bon marché en tout style étaient très demandés. La recherche d’économies étant un dénominateur commun à la plupart des constructions édifiées par Guimard, il n’est pas étonnant qu’il ait fait appel à cette société pour la mairie, l’enveloppe financière obtenue étant particulièrement restreinte[21]. Les lambris ELO ont donc rejoint la longue liste des nouveaux matériaux (et parfois des nouvelles techniques) employés par l’architecte tout au long de sa carrière. La possibilité de les modeler à son style était une qualité supplémentaire. On se souvient notamment de l’emploi des panneaux Lantillon en fibrocortchoïna qui recouvraient les plafonds du Castel Béranger, du Castel Henriette, de la Villa Berthe ou du pavillon Lantillon à Sevran, mais aussi de la pierre de verre Garchey également utilisée au Castel Henriette ou encore du ferrolithe employé sur la façade postérieure du Pavillon de l’Habitation en 1903[22].

 

Plan de la mairie publié dans La Construction Moderne, 08 novembre 1925. Coll. part.

Une exposition consacrée aux nouveaux matériaux ou aux techniques employées pour la construction de la mairie occupait la grande salle du rez-de-chaussée accessible uniquement par deux portes en façade postérieure. On y retrouvait notamment les entreprises Taté pour le plâtre, la pierre et le marbre, Lambert Frères pour les briques amiantines ou encore la Société de Traitement industriel des résidus urbains[23].

Sur la photo de La Construction Moderne, nous devinons les lambris ELO tapissant une partie du mur derrière le bureau du maire.

 

Salle des mariages avec au fond le bureau du maire et les vitraux de Jeanneau à droite. La Construction moderne, 08 novembre 1925. Coll. part.

Les collections publiques quant à elles conservent un autre cliché qui permet d’apprécier la sculpture du lambris au premier plan.

 

Salle des mariages et bureau du maire. GrandPalaisRmnPhoto. Droits réservés.

Enfin, le Cooper hewitt, Smithonian design museum détient le dessin original et quasi définitif du lambris. Fin et délicat mélange entre les mondes organique et végétal, le motif principal nous projette vingt ans en arrière, apportant une touche de sentiment chère à Guimard et propice aux interprétations…

 

Dessin du lambris de la mairie. Cooper hewitt, Smithonian design museum. Droits réservés.

Un lambris que l’on retrouvera sous l’appellation « Lambris Guimard » dès l’année suivante sur les catalogues de la société ELO. Il s’agit probablement de la dernière tentative de diffusion commerciale d’un modèle par l’architecte.

 

« Lambris Guimard », catalogue de la société ELO, 1926. Coll. part.

ELO est aussi probablement le fabricant de l’étonnant bas-relief aux vautours en imposte des portes de la salle des mariages signé par Raymond Andrieux. Même si les rapaces – aux côtés des fauves – font partie des sujets favoris des artistes de l’époque, on peut s’interroger sur les raisons d’un tel choix pour orner la salle des mariages.

 

Détail de la frise aux vautours de R. Andrieux décorant la salle des mariages. GrandPalaisRmnPhoto. Droits réservés.

Si Guimard a très certainement fait la connaissance de cet artiste quasiment inconnu par l’intermédiaire de la société ELO – à moins que ce ne soit l’inverse – il a pu vouloir saisir l’opportunité de mettre en avant un jeune artiste tout en adaptant à moindre coût une œuvre déjà existante. Les informations sur Raymond Andrieux sont très minces[24] mais nous avons retrouvé la trace d’une œuvre, aujourd’hui en collection privée, dont la ressemblance avec le bas-relief de la Mairie est particulièrement troublante.

 

Panneau ELO aux vautours signé R. Andrieux en bas à droite et portant au revers le tampon de la société ELO, larg. 1,37 m, haut. 1,15 m, prof. 0,18 m. Coll. part.

Notre enquête nous a conduit au Salon des artistes français de 1924 où Andrieux exposait un panneau dans la catégorie Arts décoratifs sous la légende : « Vautours, panneau en fibrociment »[25]. Cette œuvre a donc certainement servi de modèle au bas-relief de la salle des mariages, Guimard ayant probablement demandé au jeune artiste de s’inspirer de son œuvre de 1924 pour l’adapter en frise. Il est même possible que cette œuvre ait figuré au catalogue du fabricant mais les exemplaires que nous possédons n’en font pas mention.

Parmi les autres artistes ayant collaboré à la décoration intérieure du bâtiment figure René Ligeron (1880-1939)[26], dont les deux peintures représentant des scènes de la campagne française – un thème décoratif présent dans de nombreuses mairies – ornaient les murs des pignons de la salle des mariages. Grâce aux photos précédentes, nous connaissions la peinture intitulée Moissonneuses liant des gerbes. Une troisième vue inédite de la salle des mariages en cours de décoration donne un aperçu de la seconde œuvre intitulée Femme gardant des moutons, dans le même registre champêtre que la première.

 

La salle des mariages de la mairie du Village français en cours de décoration, Recherches et Inventions n° 163, mars 1928. Coll. part.

Il n’est d’ailleurs pas impossible que le personnage de profil à la barbe grisonnante, coiffé d’un chapeau et se tenant à l’échelle soit Hector Guimard en personne venu superviser les travaux…

(à suivre)

 

Olivier Pons

 

Notes

[1] La manifestation s’est tenue du 28 avril au 08 novembre 1925. Par commodité, nous la nommerons l’Exposition de 1925 ou tout simplement l’exposition.

[2] Le règlement stipulait : « (…) sont admises à l’Exposition les œuvres d’une inspiration nouvelle et d’une originalité réelle exécutées et présentées par les artistes, artisans, industriels, créateurs de modèles et éditeurs et rentrant dans les arts décoratifs industriels et modernes. En sont rigoureusement exclues les copies, imitations et contrefaçons de styles anciens ». Règlement de l’exposition. Coll. part.

[3] « Exposition des Rénovateurs de l’Art appliqué de 1890 à 1910 », musée Galliera (Paris), du 06 juin au 20 octobre 1925.

[4] Cf. l’article de Léna Lefranc-Cervo : https://www.lecercleguimard.fr/fr/proteger-le-patrimoine-art-nouveau-parisien-initiatives-et-reseaux-dans-lentre-deux-guerres/

[5] Entretien donné à L’Information financière, économique et politique, 19 février 1923. BnF / Gallica.

[6] La Société des artistes décorateurs a été créée en 1901 à l’initiative de l’avocat René Guilleré et de quelques autres grands noms des arts décoratifs. Son but était de « favoriser le développement des arts décoratifs », article 2 des statuts de la SAD « approuvés par arrêté de M. le Préfet de Police en date du 6 Avril 1901 ». Coll. part.

[7] Le catalogue a oublié de citer son nom mais sa participation au SAD de 1923 est avérée par plusieurs articles. L’amour de l’Art du mois de janvier 1923 évoque par exemple les trois tombes présentées par Guimard dont « celle de la famille Henri », un monument inédit, sans doute toujours existant et que nous recherchons activement…

[8] Cf. l’article : https://www.lecercleguimard.fr/fr/le-premier-voyage-dhector-guimard-aux-etats-unis-new-york-1912/

[9] Cf. l’article de Léna Lefran-Cervo : https://www.lecercleguimard.fr/fr/entre-norme-et-liberte-larchitecture-du-point-de-la-vue-de-la-societe-des-architectes-modernes/

[10] Il avait été réalisé sous la direction des architectes Charles Genuys (1852-1928) et Gouverneur sur un plan d’ensemble dessiné par Adolphe Dervaux (1871-1945). Cf. Lefranc-Cervo, Léna, Le Village français : une proposition rationaliste du Groupe des Architectes Modernes pour l’Exposition Internationale des arts décoratifs de 1925, Mémoire de recherche (2e année de 2e cycle) sous la direction de Mme Alice Thomine Berrada, École du Louvre, septembre 2016.

[11] Le bazar a été construit sur les plans de l’architecte Marcel Oudin (1882-1936) pour la chaîne des Magasins Réunis. Spécialiste de la construction en béton armé, Oudin était devenu l’un des architectes de la famille nancéienne Corbin, propriétaire des Magasins Réunis dans l’Est de la France, mais aussi à Paris (Magasins Réunis République, À l’Économie Ménagère, Grand Bazar de la rue de Rennes).

[12] Sur une photo originale datée du 1er juin 1925, la mairie apparait encore sous les échafaudages.

[13] La Cinématographie française, 11 avril 1925. La Maison de Tous, qui devait s’appeler initialement Maison du Peuple – un nom jugé trop connoté – était sans doute une des plus constructions les plus séduisantes du Village tant dans sa réalisation architecturale que par les idées qui avaient présidé à sa conception et mériterait un article complet.

[14] Le Journal des débats politiques et littéraires, 17 juin 1925.

[15] Un article consacré à l’utilisation des briques par Guimard est en préparation et reviendra plus complètement sur les matériaux de la mairie du Village français.

[16] L’Architecture à l’Exposition des arts décoratifs modernes de 1925/Le Village moderne/Les Constructions régionalistes et quelques autres pavillons/Rassemblés par Pierre Selmersheim. éditions Charles Moreau, 1926.

[17] « La Mairie du Village français », A. Goissaud, La Construction Moderne, 08 novembre 1925.

[18] « La Mairie du Village français à l’Exposition », Le Moniteur des Architectes communaux, 1925, n° 2.

[19] Alonzo C. Webb (1888-1975) était un peintre et graveur américain qui a passé sa vie entre les États-Unis et l’Europe. Étudiant en architecture et beaux-arts d’abord à Chicago puis à New-York, il a rejoint l’Europe au lendemain de la Première guerre mondiale et s’est établi en France dans les années 1920 où il proposait des  dessins de monuments anciens et de paysages soit pour des supports publicitaires soit pour illustrer des articles dans de grands journaux nationaux (dont L’Illustration). Guimard l’avait peut-être rencontré par l’intermédiaire de son épouse Adeline, Webb faisant partie de la petite colonie américaine de Paris. Après s’être spécialisé dans la  gravure, il a rejoint Londres à la fin des années 1930 où il est décédé en 1975.

[20] Créée en 1902, la société ELO avait son siège et ses usines à Poissy (Yvelines) et des salles d’exposition situées 9 rue Chaptal à Paris dans le Xe arrondissement. Elle proposait des lambris décoratifs et des revêtements en fibrociment (un mélange d’amiante et de ciment) destinés à l’intérieur comme à l’extérieur grâce à des qualités de solidité, d’imputrescibilité et de résistance au feu. Fabriqués en grande série, les revêtements se proposaient d’imiter le bois autant que le bronze, la pierre, le cuir et même la céramique à des tarifs très inférieurs à ces matériaux (Journal Excelsior du 06 mai 1925).

[21] L’enveloppe allouée à la mairie était de 92 000 F. La Construction Moderne, 08 novembre 1925.

[22] Le ferrolithe était une sorte d’enduit imitant la pierre. Très résistant et réfractaire à l’humidité, il était surtout utilisé pour ravaler et recouvrir les murs extérieurs.

[23] L’Architecture n° 23, 10 décembre 1925.

[24] Raymond Andrieux était un artiste originaire de Lille, sociétaire de la Société nationale des Beaux-Arts en 1926 dans la catégorie sculpture. Un vide-poche décoré à nouveau d’un vautour, signé R. Andrieux est passé en vente aux enchères en 2016.

[25] Le Grand Écho du Nord de la France, 21 mai 1924. BnF/Gallica.

[26] (Jacques) René Ligeron est né à Paris le 30 mai 1880 et probablement décédé à Alger le 08 décembre 1939. Peintre voyageur, il était surtout connu pour son œuvre de gravure avec une prédilection pour les eaux-fortes. Élève de Lepeltier, Lefebvre et Robert-Fleury, il a exposé à partir de 1905 au Salon des artistes français essentiellement des paysages et quelques portraits. La presse de 1936 s’est fait l’écho d’une exposition dans une galerie parisienne, où étaient exposés ses derniers travaux, notamment des panneaux en bois noirci destinés à décorer une grande salle à manger dont un des fragments au décor japonisant vient d’être retrouvé.

The « Maison Moderne » of Julius Meier-Graefe — Part 3

13 September 2025

30 August 2025

The tenuous links between La Maison Moderne and Guimard

 

Following Bertrand Mothes’ two articles recounting the history and operations of La Maison Moderne, we would like to add some information about the indirect links that existed between this gallery and Hector Guimard, beginning with a few thoughts on how his creations were marketed.

 

Only a minority of the countless models created by Guimard would have been suitable for sale by an art gallery. Anything that could be considered industrial production, such as cast iron and architectural ceramics or hardware, had to be excluded. However, both furniture and decorative art objects such as vases, lamps, and frames could have been sold through this type of commercial channel. Yet it is easy to see that no art objects designed or modeled by Guimard and then entrusted to a craftsman to be produced as unique pieces or in small series were ever offered for sale at La Maison Moderne or the Bing Art Nouveau Gallery. As Bertrand Mothes showed us in his previous article, at La Maison Moderne, it was usually Julius Meier-Graefe who was responsible for choosing a model presented by an artist and then for its manufacture (and therefore its cost price). However, as at Bing’s, it was possible for certain prestigious brands or artists to deposit their creations in the gallery. The sale of these objects, whose manufacture had already been paid for, therefore generated only a smaller profit shared between the gallery and the designer. However, unlike many artists and decorators, Guimard refused to use the art gallery distribution channel, where his style, which he had wanted to be so distinctive that he gave it his name, would have been anonymized, diluted among multiple expressions of modern decorative art.

He may also have thought that the advantage of having his works permanently displayed in a gallery (which is more effective than occasional exhibitions) could be offset by well-executed media coverage. However, this type of publicity through the press and publications, which had worked very well at the time of Castel Béranger, subsequently became less common and was sometimes even unfavorable to him.

Having chosen to isolate his production from that of others, he could have used a dealer to represent him or even gone so far as to open a store[1]. The first option would again have represented a significant loss of income. As for the cost of running a store, it could have been a deterrent. But above all, Guimard, who was already indeed an entrepreneur, was keen not to appear as a merchant, because of the moral code that architects imposed on themselves, but also because of the business license that would have had to be paid. We know from a lawsuit brought against him, which he won on appeal, that his status as an architect prevailed over that of a merchant. In a dispute with a supplier who claimed that he “combined the practice of his profession with the operation of a veritable industry, that he had manufacturing workshops and stores where he sold various items made under his direction,”. Guimard defended himself by saying that he did not engage in such an activity, but only practiced ”the artistic application and implementation of his knowledge as an architect and his personal taste.”

So Guimard circumvented indirect sales in two ways. First, in a very traditional manner, through direct sales for small production volumes, either by order or at exhibitions. Then, when larger production volumes were expected, he redoubled his efforts not only to have his creations mass-produced but also to have them published. This was not always the case in his early years of artistic creation, and it was only gradually that this approach became widespread, along with the desire to have his designs featured in catalogs. His goal was twofold: to ensure a steady income while working with this wider distribution to promote the “modern style”, and his own style in particular. It should be noted that in most of these catalogs, Guimard’s designs were placed on the same level as the others, just as they would have been on the shelves of an art gallery. And, ultimately, it was the manufacturer who reaped the lion’s share of the profits from the sale. Only in rare cases was he able to obtain the creation of a specific catalog limited to his own designs.

In order to pursue successfully this policy to market his creations, Guimard needed a production unit capable of manufacturing products from start to finish (such as furniture or wooden and plaster frames), or of supplying usable models to a manufacturer, whether a craftsman or an industrialist. He was able to achieve this first Rue Wilhem and then, from 1904 to 1914, Avenue Perrichont prolongée.

Given his great sociability, Guimard did not sever all ties with the art dealers, especially when their commitment to the modern style was sincere and not seen as simply another card to add to an eclectic range of products.

In the article we devoted to the recently acquired Guimard glass vase, we showed that Guimard had collaborated closely with the Cristallerie de Pantin.

 

Guimard Vase from la Cristallerie de Pantin, height. 40,2 cm. Priv.coll. Photo F. D.

This crystal manufacturer presented a selection of “aquamarine” vases in the gallery of La Maison Moderne, presented in the catalog published in 1901.

 

« Crisallerie de Pantin/Aquamarine vases . Documents from L’Art Industriel au vingtième siècle (La Maison Moderne catalog), Paris, Éditions de La Maison Moderne, 1901, p. 12.

 

Aquamarine vase from the Cristallerie de Pantin, close to the vase of 2014 from the sélection of vases sold by La Maison moderne. Photo internet, all rights reserved

For the reasons mentioned above, it is unlikely that any of Guimard’s designs were included in this selection. However, the selection only featured designs with abstract, swirling patterns, far from the naturalistic designs copying the Nancy style that the crystal factory produced in abundance using the same type of slightly bluish glass.

But in the same catalog, the chapter on glassware was written by a friend of Guimard’s, the journalist Georges Bans. In 1895, Bans founded and edited a small bi-monthly literary and artistic magazine, La Critique. Although its circulation was limited, the magazine received contributions from many prominent authors such as Camille Mauclair, as well as excellent illustrators such as Gustave Jossot and Maurice Biais. The latter collaborated with La Maison Moderne, not only with the poster we have already reproduced, but also with drawings of furniture, including an armchair with particularly sober and modern lines.

 

Maurice Biais, imprimerie J. Minot, poster for La Maison Moderne, 1899-1900, color lithography on paper , ighut. 114 m, width. 0,785 m, Paris, Bibliothèque nationale de France.

 

Armchair designed Maurice Biais, Musée d’Orsay, mahogany, leather and brasss, hight. 0,86 m, width. 0,70 m, depth. 0,95 m. Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Mathieu Rabeau, rights reserved. This armchair is presented in L’Art Industriel au vingtième siècle (La Maison Moderne catalog), « Ameublement et décoration », fauteuil renversé n° 35, p. 16, 1901.

Also noteworthy is the beautiful frontispiece designed for the chronicle of the 1900 World’s Fair in La Critique by Maurice Dufrène, one of the main contributors to La Maison Moderne.

 

Frontispiece drawn by Maurice Dufrène for the chronicle of 1900 Exposition Universelle in La Critique. Source Gallica.

La Critique was mainly run by Émile Strauss and the poet and critic Alcanter de Brahm (pen name of Marcel Bernhardt). Hector Guimard quickly developed an intellectual rapport and undoubtedly a friendship with the latter, which led to him being frequently quoted in the magazine[3]. Georges Bans also followed Guimard’s career and presented several of his works in La Critique, notably the Paris metro entrances. In a brief note [4] published in August 1900 in La Critique, clearly informed by a disgruntled Guimard, he vigorously contested the battle waged by two city councilors, Charles Fortin and Maurice Quentin-Beauchard, who were fighting to have the kiosks replaced by open surrounds. To restore them, he was appealing to the Prefect of the Seine, Justin de Selves, who was careful not to intervene. A second article by Georges Bans, published two months later in October 1900, this time in L’Art Décoratif, commented very favorably on the installation of the first metro entrances, inventing the famous phrase “the dragonfly spreading its light wings” to describe the inverted roof of the B kiosks. On this occasion, we can guess that Guimard personally explained to him certain details and motivations behind his work that most critics of the time did not perceive.

We can also cite an article by Georges Bans in the German magazine L’Architecture du XXe siècle, which features two drawings of Guimard’s facade elevations and refers to the dinner at La Critique on December 31, 1900, which Guimard attended, as well as the joint participation of Guimard and Bans in the office of the company Le Nouveau Paris, founded in 1903 by Frantz Jourdain.

The catalog of La Maison Moderne also features a silver matchbox holder by the young architect Henry Bans[5], brother of Georges Bans.

 

Henry Bans, matchbox holder, « L’Orfèvrerie », L’Art Industriel au vingtième siècle (La Maison Moderne catalog), Paris, Éditions de La Maison Moderne, 1901, p. 11. Coll. part.

Henry Bans was a close friend of the family of sculptor Jean-Baptiste Carpeaux (1829-1875)[6]. Guimard expanded the Carpeaux studio in 1894-1895 on Boulevard Exelmans with the creation of an exhibition gallery dedicated to the sculptor’s work. It was probably on this occasion that he met the Bans brothers.

Finally, it is worth noting the presence in the La Maison Moderne catalog of an armchair by Géza Kiss, No. 45 in Jarah wood, which can be seen partially reproduced in Maurice Biais’ poster (see above).

 

Géza Kiss, armchair n° 45, jarrah wood, seat and back covered in velvet, « Ameublement et décoration », L’Art Industriel au vingtième siècle (La Maison Moderne catalog), Paris, Éditions de La Maison Moderne, p. 18, 1901. Private collection

Without going any further (see note 3), we can assure that Kiss, Guimard, the editors of La Critique, and of course Julius Meier Graefe knew each other.

 

Frédéric Descouturelle

 

Notes

[1] One immediately thinks that the shop or shops planned for the ground floor of the Castel Béranger, which we do not yet know whether they actually operated, would have been an ideal showcase for Guimard. However, there is no evidence to suggest that he had this intention at any point.

[2] Guimard v. Mutel case, ruling of the Seine Commercial Court of January 4, 1901, overturned by the Seine Court of Appeal on January 14, 1904, “Jurisprudence” La Construction Lyonnaise, January 1912.

[3] We will soon review these quotes from Guimard in La Critique.

[4] G. B. “Notule, Le monde à l’envers,” La Critique, August 5, 1900.

[5] François Gabriel Bans, known as Henry or Henri Bans (1877-1970).

[6] Henry Bans would much later design the stele for the Carpeaux monument in Square Carpeaux in Paris’s 18th arrondissement. The monument is adorned with a bust sculpted by Léon Fagel in 1929.

 

Translation: Alan Bryden

 

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